Qu’on le veuille ou non, le théâtre de marionnettes a toujours gardé cette connotation quelque peu infantile. Normal, alors, d’avoir quelques appréhensions face au nouveau spectacle de Ronnie Burkett, intitulé Billie Twinkle, Requiem for a Golden Boy. Le marionnettiste fait pourtant fi des clichés et des préjugés, et offre sur les planches de la Cinquième Salle de la Place des Arts une performance plus que magistrale. Comédie musicale, théâtre, danse, humour et bien sûr marionnettes s’entrecroisent dans ce magnifique spectacle.
De l’enfance du jeune amateur de marionnettes à l’âge mûr d’un des grands de l’art, la vie de Billie Twinkle est ici racontée sous forme d’un plongeon dans le passé, alors que Billie lui même est aux proies avec sa conscience, représentée par son mentor – étrangement affublé d’une tête de lapin. De là, Burkett nous emmène dans un voyage à travers la vie de Twinkle, inspirée en partie de son propre parcours professionnel. Inspirée jusqu’à quel point? Si l’artiste parle de 20% en entrevue, à voir la performance extraordinaire qu’il livre sur scène, on est bluffé par autant de réalisme et un niveau d’appropriation d’un personnage rarement égalé.
Outre le talent dont fait preuve Burkett dans la manipulation de ses marionnettes – l’une d’entre elles va même jusqu’à faire un strip-tease, chose excessivement malaisée à faire dans un théâtre de marionnettes, tandis que d’autres animent leurs propres poupées (!) -, ce qui ressort le plus de Billie Twinkle, c’est la qualité de la représentation. On assiste, tout compte fait, à une mise à nu complète de la part de Billie. Ses joies, ses peines, ses espoirs, ses amours, son éveil à la sexualité… Tout nous est raconté sans gêne, sans censure, pour le plus grand plaisir des spectateurs.
Billy Twinkle, c’est aussi une bonne dose d’absurde, sous la forme de dialogues déchaînés, de numéros avec une pointe d’humour, mais surtout un numéro final complètement déjanté. Billy Twinkle, enfin, c’est un spectacle à voir à la Place des Arts, jusqu’au 1er mai.