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Si les fausses nouvelles voyagent plus vite que les vraies, comme l’a (à nouveau) souligné la semaine dernière une étude qui a fait beaucoup parler d’elle, c’est parce que « la polarisation est un excellent modèle d’affaires ».

Elles ont fait beaucoup parler d’elles, mais les fausses informations propagées par les réseaux sociaux auront peut-être moins d’impact qu’on ne le craint: en politique du moins, il semble qu’elles rejoignent avant tout les gens déjà convaincus.

Tandis que des journalistes débattent des meilleures façons de combattre les fausses nouvelles, des psychologues et des neurologues ont déjà plusieurs longueurs d’avance: ces experts prennent désormais pour acquis que 90% des humains entretiennent, à un degré ou l’autre, des « croyances délirantes » (delusional beliefs). Mais toute la question est de savoir à quel degré… et si tout le monde est capable de combattre ses propres croyances.

Pour souligner la Semaine canadienne de la culture scientifique, qui avait lieu du 18 au 24 septembre, le Centre des sciences de l’Ontario a eu l’idée d’un sondage. Les résultats ne sont pas réjouissants: 40% des Canadiens considèrent que « la science derrière le réchauffement climatique n’est toujours pas claire ». Et pour 43%, la science est… une opinion.

La capacité des réseaux sociaux à enfermer les gens dans des « bulles de filtres » et des « chambres d’échos » — où ils n’entendent plus que ceux qui pensent comme eux — ne concerne pas seulement la politique. Les parents d’enfants autistes commencent eux aussi à être ciblés.

En un an, le mouvement journalistique de vérification des faits, dans lequel s’inscrit le Détecteur de rumeurs, a progressé sur tous les plans, suscitant l’envie des journalistes eux-mêmes, mais aussi de chercheurs qui tentent de mieux comprendre la façon dont se propagent les fausses informations. Ainsi que des développeurs, qui rêvent de technologies capables de corriger la déclaration d’un politicien en temps réel — ou presque.

En peu de temps, Craig Silverman s’est imposé dans le milieu journalistique comme « l’expert des fausses nouvelles ». Et c’est sans enthousiasme qu’il observe l’alliance entre Facebook et quelques médias, annoncée en décembre (et en février en France) pour combattre ce fléau: « il n’y a aucune chance que ça atteigne l’échelle à laquelle se répandent les fausses nouvelles. »

L’idée a franchement du bon: employer les codes des fausses nouvelles pour produire une vidéo où l’on s’en prend aux fake news elles-mêmes, puis diffuser le tout sur Facebook, l’un des principaux facilitateurs (contre son gré, semble-t-il) de la propagation de ces instants de désinformation.