La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a récemment franchi un nouveau pas pour lutter contre la crise climatique: dès que Québec donnera le feu vert à cette mesure, les nouvelles constructions résidentielles, commerciales et institutionnelles ne pourront plus, sauf exception, utiliser des systèmes de chauffage fonctionnant aux combustibles fossiles.
Le geste, déjà annoncé dans le cadre du Plan climat métropolitain 2023-2025 de la CMM, touchera les 79 municipalités du Grand Montréal qui ne possédaient pas déjà de règlement visant à encadrer les émissions de GES liées aux bâtiments.
« C’est majeur », lance tout de go Émilie Charbonneau, scientifique en chef et responsable de la réglementation environnementale au sein de la CMM.
Mme Charbonneau apporte toutefois immédiatement une nuance: les constructions déjà existantes profiteront d’une clause grand-père. Les systèmes au gaz naturel et au mazout encore en service pourront donc continuer de fonctionner.
« En fait, on ne vient pas réduire les GES des bâtiments actuels; on vient les stopper à leur état actuel, ils ne peuvent plus augmenter. »
Environ 20% du parc immobilier du Grand Montréal est chauffé aux combustibles fossiles.
À l’heure actuelle, à peine trois municipalités de la CMM possèdent un règlement pour limiter les émissions de GES des bâtiments; Candiac, Mont-Saint-Hilaire et… Montréal. Le nouveau cadre réglementaire vient donc toucher les banlieues de la métropole, qu’il s’agisse de grandes villes, comme Laval et Longueuil, ou de plus petites municipalités.
Et si calculer les économies en GES tient de la prospective, puisqu’il est impossible d’établir avec certitude le nombre de bâtiments qui seront construits sur le territoire de la CMM, Mme Charbonneau est claire: selon les estimations, ce ne sont pas moins de 500 000 tonnes de GES qui ne seront pas émises par les systèmes de chauffage des futurs bâtiments, d’ici 2035.
La CMM prévoit également que pas moins de 400 000 logements seront construits dans l’ensemble des 82 municipalités, pendant la même période.
Encore du gaz naturel… dans certaines circonstances
Si l’objectif du règlement consiste à cesser d’utiliser les combustibles fossiles pour chauffer des bâtiments, certaines exceptions seront tolérées. Ainsi, tous les immeubles de plus de 600 mètres carrés, ou possédant plus de trois étages, pourront disposer d’un chauffage d’appoint au gaz naturel.
Ledit gaz sera cependant d’origine renouvelable; c’est là l’engagement du fournisseur Energir.
Toujours selon Mme Charbonneau, il y a bien peu de chances que ce règlement fasse l’objet d’une levée de boucliers, notamment de la part des promoteurs immobiliers. « Je vois difficilement comment cela pourrait être le cas; le mazout est en perte de vitesse parce qu’économiquement, ce n’est plus avantageux. Sinon, pour le gaz naturel, Energir s’est de toute façon engagée à fournir du gaz de source renouvelable. Celui-ci est vendu plus cher, mais cet engagement a déjà été pris. »
La CMM s’est aussi assurée, de concert avec Hydro-Québec, que la demande en électricité prévue pour les futures constructions ne viendra pas dépasser la capacité de production de la société d’État. De toute façon, assure-t-on, Hydro-Québec a déjà son plan de développement de sa capacité de production, doublé d’un programme d’économies d’énergie.
Québec, par la voix de son ministère de l’Environnement, doit encore approuver ce nouveau règlement pour que celui-ci entre en vigueur.