Voilà la lente extase de dix danseurs bien résolus à en finir avec le poids de ces foutues pinces à linge en bois et de leurs tutus. La performance chorégraphiée par la prodigieuse artiste sud-africaine Mamela Nyamza, également danseuse, marquera le FTA par la singularité d’une manifestation pour la libération et la rupture avec la tradition.
Durant une heure 15, on passe de la langueur du ballet rythmé en continu par Le Cygne, de Camille Saint-Saëns, au chant africain. Un état extrême ouvrant avec un bain de sommeil éveillé. Les danseurs sont alourdis de leurs pieds portant chaussons et lacets. Leur tenue, un long tutu composé d’un assemblage de pinces à corde à ligne en bois, émet un son à leurs mouvements. Un port vestimentaire dont ils ne tarderont pas à s’affranchir, tout au long du d’une corde à linge qui supportera le poids de tout ce qui les empêche de danser librement.

Une métamorphose du corps et de l’esprit, du blanc diaphane au rouge foudroyant, sublimée par deux artistes tissant un écrin musical envoûtant. La voix de la chanteuse lyrique Litho Nqai et le multiinstrumentiste Given « Azah » Mphago. Le point culminant de l’œuvre hautement théâtrale advient à la clôture, lorsque les 10 danseurs et danseuses, divinement maquillés de paillettes aux paupières et de gloss blanc flash aux lèvres, viennent lorgner les publics avec des sourires dignes d’une pause Vogue. On découvre la beauté de ces êtres causant le vertige tellement leur grâce est reine.
Cette production griffée Mamela’s Artistic Movement – un centre culturel sud-africain développant les arts et les danse par l’éducation pour une cohésion sociale et économique – donne envie, à la finale tout en musique africaine dansante, de quitter son siège pour suivre la cadence, en suivant le jeu de pieds enfin libérés des convenances.