La carcasse, c’est l’ensemble des os d’un animal, sa structure, ce qui lui permet de se mouvoir dans l’espace. C’est ce que la troupe de danse contemporaine du Portugais Marco da Silva Ferreira, à la fois chorégraphe et danseur, exploite au maximum dans Carcaça, un ballet très physique et d’une énergie extrême, proposé pour clôturer la saison de Danse Danse, au théâtre Maisonneuve.
Pour accompagner les danseurs, hommes et femmes, dans un premier temps revêtus de beaux justaucorps noirs de différentes formes: un percussionniste avec sa batterie d’un côté, un musicien sur sa console électronique de l’autre.
Tout le ballet navigue ainsi entre thèmes traditionnels, tribaux ou folkloriques et notre modernité. Les artistes contribuent à l’environnement sonore par leurs cris, le choc de leurs corps sur le sol, voire leurs chants collectifs sur le thème de la libération de l’oppression dictatoriale.
Car c’est ce qui semble cheminer tout au long du spectacle: la libération du Portugal de la dictature salazariste qui dura presque 50 ans. On parle de Révolution des œillets et les ajouts de belles touches de couleur aux costumes noirs des artistes en sont sans doute la référence.
Peut-être inspiré par Hofesh Shechter, pour lequel il a dansé, Marco da Silva Ferreira propose des chorégraphies extrêmement dynamiques, dont la vitesse s’intensifie graduellement. Les artistes sautent sur le sol en permanence. L’incroyable de la chose est que leurs jambes sont croisées et que ce sont les côtés de leurs pieds qui paraissent les réceptionner à chaque saut.
Mais la moindre partie de leurs corps d’une souplesse incroyable se meut au rythme des percussions, douces au début, plus fortes ensuite, et qui imposent une vitesse ahurissante pour les danseurs.
Les danses collectives ressemblent parfois à des danses tribales traditionnelles. D’autre fois, les touches folkloriques viennent alimenter le ballet qui montre de nouveau l’étendue des possibles en danse contemporaine et la créativité des artistes.
Les éclairages sont très réussis et les couleurs, au début seulement chair et noir, puis agrémentées de couleurs vives dont le rouge qui sert presque d’étendard, sont très réussis.
Le ballet est généreux; le final collectif est splendide et laisse le spectateur avec le désir de revoir au plus tôt une nouvelle œuvre de danse contemporaine.
Carcaça
Direction Artistique et Chorégraphie : Marco da Silva Ferreira.
Assistance Artistique : Catarina Miranda.
Interprètes : André Garcia, Cacá Otto Reuss, Fábio Krayze, Marc Oliveras Casas, Marco da Silva Ferreira, Maria Antunes, Max Makowski, Mélanie Ferreira, Nelson Teunis et Nala Revlon.
Musique : João Pais Filipe (percussionniste) Luís Pestana (musicien électronique).
Costumes : Aleksandar Protic.
Scénographie : Emanuel Santos.
Carcaça, du 30 avril au 3 mai 2025 au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, à Montréal