Le constat est frappant: sur un peu plus de 50 000 affaires d’exploitation sexuelle des enfants en ligne rapportées à la police, entre 2014 et 2021, à peine le quart ont mené à l’identification d’un auteur présumé de ce crime. Et même dans cette petite partie des cas, ce ne sont pas tous les suspects qui ont été accusés, révèle Statistique Canada.
Dans une note d’information publiée en début de semaine, l’agence fédérale révèle qu’en fait, la quasi-totalité des cas ne débouche pas sur une condamnation: « 92% des affaires déclarées par la police n’ont pas abouti à une cause réglée par les tribunaux », indique-t-on.
Toujours selon Statistique Canada, la grande majorité des dossiers concernent la possession, la production ou la distribution de pornographie en juvénile en ligne, soit près de trois quarts des cas (72%).
Comment expliquer qu’une aussi grande proportion des affaires signalées à la police ne débouchent pas sur l’identification d’un auteur présumé d’un crime? L’agence fédérale souligne que « les progrès technologiques », et « le fait que les auteurs présumés apprennent des stratégies pour éviter d’être découverts », contribue à complexifier les enquêtes en matière de cybercriminalité, y compris pour l’exploitation sexuelle des enfants en ligne.
Toutefois, dans les cas où des auteurs potentiels sont bel et bien identifiés, un peu plus de la moitié (53%) de ces dossiers aboutissent ensuite devant les tribunaux, et avaient été réglées lors de la période étudiée. « Il n’est pas possible de déterminer si la proportion restante d’affaires se trouvaient toujours devant les tribunaux au cours de l’exercice 2023-2024 et au-delà, ou si elles avaient été abandonnées par le système de justice pénale », précise-t-on.
Ultimement, lorsque les tribunaux canadiens ont traité les dossiers retenus, et que les suspects ont été reconnus coupables d’exploitation sexuelle des enfants, ceux-ci ont très majoritairement (88%) pris le chemin de la prison.