Des funérailles qui coïncident presque exactement avec le 80e anniversaire de la défunte, cela produit un certain trouble émotionnel dans cette famille d’origine colombienne pétillante, colorée, dispersée à travers le monde et si heureuse de se retrouver. Car c’est l’occasion d’une grande réunion de famille, composée de vivants et de morts, et dominée par des femmes fortes, mise à part Adriana, la petite nièce de la défunte, celle qui est trop jeune et encore trop éloignée de ses origines sud-américaines.
Dans le beau décor d’un appartement de Boston où la défunte Gloria a vécu jusqu’à ses derniers jours avec sa fille Betty, les membres de la famille arrivent progressivement et les femmes mettent immédiatement la main à la pâte. Si tous sont originaires de Colombie et conservent dans leur mémoire l’île de Providencia où un terrain leur appartient toujours, la famille vit maintenant dispersée entre Panama, Bogota, Vancouver et les États-Unis.
Ils se retrouvent toutefois comme s’ils s’étaient quittés la veille. Avec l’aide de ses tantes et cousines, Betty prépare l’évènement avec abondance de nourritures. Plutôt que des funérailles, la réception se transforme en une excentrique célébration de vie de la défunte.
Dans cette famille où l’on aime beaucoup l’alcool et où des disparitions ont bien sûr déjà eu lieu par accident ou autre, il y a comme souvent des secrets, des cachoteries, des inquiétudes qui circulent et aussi beaucoup d’amour, de chaleur et de joie de vivre. Certains fantômes sont même de la partie et s’inquiètent de l’avenir d’Adriana, une jeune femme célibataire, carriériste, mais endettée et qui est sur le point de perdre son emploi.
La pièce très bien écrite et structurée invite les spectateurs à cette fête à la fois triste et joyeuse, surtout joyeuse comme si la joie et la bonne humeur étaient intrinsèque à la culture sud-américaine. Tous les membres de la famille adorent dépenser, rire, chanter et danser et s’ils se souviennent avec nostalgie des saveurs et odeurs du pays, ils sont cependant parfaitement intégrés dans les différentes cultures qui les ont accueillies.
Les personnages sont tous très bien campés, drôles et attachants. Les huit acteurs qui les interprètent sont brillants, relevés et sincères dans leur jeu. C’est un sans-faute pour une œuvre parfaitement menée, où les coups de théâtre surviennent sans arrêt et où on suit très bien tous les rebondissements et les destins des personnages. Une comédie qui met de bonne humeur et qui inaugure avec bonheur la saison de théâtre des Écuries.
Providencia
Texte: Mariana Tayler
Mise en scène: Marie Farsi
Assistante à la mise en scène: Catherine Alepin
Avec: Emmanuelle Lussier Martinez, Luz Tercero, Leo Argüello, Ximena Ferrer, Jorge Martinez Colorado, Mariana Tayler, Braulio Elicer et Patricia Pérez Robles
Provincia, du 19 au 30 septembre 2023 au théâtre aux Écuries, à Montréal