Les boomer shooters semblent se suivre et se ressembler: lorsqu’il ne s’agit pas d’hommages à Quake, les développeurs de jeux de tir à la première personne s’abreuvent largement aux robinets de l’esthétique cyberpunk. Et pourquoi se priver d’une bonne chose, après tout? Mais dans le cas de Sprawl, un titre lancé à la fin août, on constate qu’à trop vouloir imiter d’autres titres, on finit par manquer un peu d’originalité.
Dans une mégapole au look industriel, un personnage, que l’on comprend être le résultat d’expériences scientifiques visant à concevoir des soldats surpuissants, est poursuivi par le gouvernement. Dans notre tête, les mots d’une entité qui veut nous venir en aide, mais qui a aussi ses propres objectifs et son propre plan ambitieux. Et dans nos mains, une série d’armes à feu qui serviront à abattre un très grand nombre d’ennemis.
Jusque-là, Sprawl a beau cocher toutes les cases du genre, et avoir été développé par à peine deux personnes, on ne peut s’empêcher de remarquer que… le jeu coche toutes les cases du genre: l’esthétique cyberpunk, les combats tournoyants, le fait de pouvoir sauter sur différentes surfaces pour obtenir un avantage sur ses ennemis – y compris en courant sur les murs, etc.
Il ne faut pas oublier, non plus, le fait de pouvoir ralentir le temps, histoire de mieux cibler les points faibles de nos ennemis et ainsi les tuer en deux temps, trois mouvements, plutôt que de tirer dans le tas et d’espérer.
Tout cela est très bien. Le jeu est rapide, efficace, divertissant… Mais c’est aussi une copie de toutes sortes d’autres choses. Combien de fois nous a-t-on vendu cette idée de courir sur les murs? Combien de fois nous a-t-on parlé d’un univers cyberpunk dystopique? Et combien de fois a-t-on été en mesure de ralentir le temps, l’équivalent d’avoir des réflexes plus aiguisés? Pour avoir une petite idée de l’âge de certaines de ces mécaniques de jeu, Deus Ex, un jeu de rôle et simulation immersive évoquant un monde dystopique, est d’abord sorti en 2000.
Quant au temps ralenti, il y a bien entendu FEAR, en 2003, mais surtout Max Payne, premier du nom, en 2001.
Bref, n’en déplaise aux développeurs de Sprawl, qui ont fait du bon travail, tout cela, c’est du déjà vu. Et les mécaniques de tir n’ont rien à envier à Doom Eternal, par exemple, voire à Turbo Overkill, un autre boomer shooter. Certes, ces deux titres ont bénéficié de l’appui de grands studios – id Software et Bethesda pour le premier, et Apogee Entertainment pour la publication du second –, mais contre de gros noms, justement, n’est-il pas temps d’explorer de nouvelles avenues?
Jeu efficace, mais jeu circulant dans des ornières vidéoludiques déjà largement creusées, Sprawl est un divertissement sympathique, sans rien révolutionner.
Sprawl
Développeur: MAETH
Éditeur: Rogue Games
Plateforme: Windows (testé sur Steam)
Jeu disponible en français (interface et sous-titres)