Qui a dit qu’il était impossible de s’amuser, après avoir eu une fructueuse carrière à la télévision? Décidément, le passage de Jon Hamm dans la série Mad Men aura permis à ce dernier d’établir à un point tel sa marque que voilà le grand gaillard à la mâchoire carrée et à la chevelure noire qui déboule dans des projets un peu dingues comme ce Corner Office, réalisé par Joachim Back.
Dans le monde du travail en entreprise, Orson (Hamm), un homme comme il y en a tant d’autres dans cet univers de cubicules gris et de chiffriers Excel, se donne comme objectif de se rendre indispensable. De prouver sa valeur aux autres collègues, mais surtout au patronat.
Pourtant, rien ne semble vouloir permettre à Orson de s’épanouir sur le plan professionnel. La bâtisse où il travaille, un monolithe de béton, semble plutôt vouloir écraser les travailleurs et faire disparaître toute trace d’autonomie et d’identité propre. Même le nom de l’endroit – The Authority – fait imaginer d’interminables réunions et une lente mort cérébrale parsemée de rapports trimestriels et de synergie.
Voilà qu’Orson découvre cependant un bureau en apparence inutilisé, un vaste espace richement meublé qui tranche complètement avec les couleurs ternes, le claquement des touches de clavier d’ordinateur et la lumière blafarde. Pourquoi cette pièce est-elle laissée dans le noir? Et pourquoi tous les collègues d’Orson semblent-ils ignorer l’existence de cet endroit. Ou, pire, nier la réalité?
Comédie incertaine, comédie subtile, comédie cérébrale, Corner Office joue aussi largement dans le domaine de l’absurdité. En fait, les amateurs de contenus du genre y verront certainement des similitudes avec l’excellent Severance, ou encore avec The Stanley Parable, le jeu vidéo sorti il y a déjà quelques années, et duquel le film semble notamment s’inspirer pour offrir sa narration hors champ du personnage principal.
Malgré une tentation forcément tout à fait présente, le film ne tombe jamais complètement dans l’absurde ou l’improbable. Il en résulte un long-métrage sympathique et niché, mais cette volonté de demeurer sur cette mince ligne entre le drame et la comédie pourrait tempérer les ardeurs de certains cinéphiles. Il n’en reste pas moins que Corner Office est un divertissement tout à fait sympathique, et une autre preuve de la polyvalence et du talent de Jon Hamm, qui semble clairement s’amuser de ces petits rôles sortant de l’ordinaire.