On ne pourra certainement pas reprocher au réalisateur Guy Ritchie d’être productif : à peine avait-on survécu, de peine et de misère, à l’étrange et peu digeste Operation Fortune : Ruse de Guerre que nous voilà plongés dans les méandres de la guerre en Afghanistan avec The Covenant.
En 2018, John Kinley, le responsable d’une unité responsable de trouver et détruire les arsenaux et les sites de fabrication de bombes des talibans, embauche Ahmed, un Afghan qui devra assurer la traduction lors de missions fort probablement dangereuses.
Sans grande surprise, surtout si l’on a vu la bande-annonce, les choses vont effectivement mal tourner, et nos deux héros, respectivement interprétés par Jake Gyllenhaal et Dar Salim, auront droit à plus que leur dose de fusillades et de courses-poursuites avec les talibans.
En ce sens, la bande-annonce du film était quelque peu trompeuse; sans trop donner de détails, on semblait devoir s’attendre à une longue fuite de nos personnages principaux devant la horde talibane, alors que l’Américain et son traducteur tentent désespérément de regagner les lignes alliées dans un pays qui n’a jamais vraiment été conquis, mais qui glisse plutôt toujours un peu plus vers les mains avides des intégristes extrémistes.
La réalité est quelque peu différente; nous ne sommes pas, ici, dans une redite de The Outpost, le film de Rod Lurie qui s’attardait à l’attaque d’une base alliée isolée dans le fond d’une vallée, mais plutôt dans un mélange entre un aperçu de la vie en campagne afghane, doublé d’une réflexion sur le sort de ces traducteurs afghans qui ont été abandonnés par milliers par l’Occident lors du retrait des derniers soldats coalisés, en 2021.
Pour rendre les choses plus réalistes, en un sens, Ritchie n’hésite pas à nous expliquer de nombreux termes techniques, ou encore à nous indiquer, par des textes apparaissant à l’écran, que nous sommes dans une région afghane plutôt qu’une autre.
Ultimement, toutefois, le résultat n’est guère convaincant. Oh, les scènes d’action sont bien réalisées, et on prend tout à fait conscience du côté « sale » et particulièrement « physique » de cette guerre interminable, où chaque fourré, chaque recoin peut cacher un ennemi qui s’habille exactement de la même façon que l’habitant.
Mais au-delà de ça, The Covenant adopte un bien drôle de rythme qui fait en sorte que l’excitation retombe en milieu de parcours, environ, ce qui pourrait ennuyer bien des cinéphiles. On se demande aussi pourquoi le long-métrage est coincé quelque part entre le film d’action pur et dur et l’hommage cinématographique, montage photo à l’appui.
Après tout, pour vraiment rendre compte que l’importance de cet enjeu, il aurait tout à fait été possible de réaliser un documentaire, par exemple; à l’opposé, on aurait préféré conserver un rythme le plus endiablé possible, histoire d’avoir un film d’action particulièrement solide à se mettre sous la dent.