Ce n’est, pourtant, qu’un « simple » jeu vidéo. Simple, vraiment? Près de 40 ans après sa création, Tetris continue de fasciner, au point que le réalisateur Jon S. Baird vient de lancer, sur AppleTV+, un biopic du même nom mêlant consoles de jeux vidéo, fin du règne soviétique et vive concurrence commerciale.
Mettant en vedette Taron Egerton, que l’on a pu voir (et apprécier) dans Kingsman, en 2014, le film raconte l’histoire d’Henk Rogers (Egerton), le patron de Bullet-Proof Software, une petite compagnie sise au Japon, qui tombe en bas de sa chaise en testant Tetris lors de la Consumer Electronics Show, et qui décide d’en acheter les droits de licence pour le Japon.
Convaincu du potentiel du jeu, il approchera Nintendo, qui travaillait alors à développer le Game Boy, probablement la console portative la plus populaire de tous les temps. Mais pour combiner le Game Boy et Tetris, pour en faire l’un des plus énormes succès vidéoludiques de l’histoire, il faut disposer des droits. Or, la compagnie avec laquelle Rogers fait affaire ne les possède pas; Rogers va alors décider de se rendre en Union soviétique, histoire d’obtenir l’accord directement auprès du créateur du jeu, Alexeï Pajitnov.
Mais traiter avec l’URSS veut aussi dire se retrouver dans la mire des sbires du Parti communiste et des espions du KGB, bien déterminés à empêcher les méchants capitalistes de s’emparer d’un trésor national… ou, du moins, de récupérer les droits sans payer un gros pot-de-vin.
Avec une mise en scène efficace et rapide, et surtout avec l’utilisation de visuels évoquant les jeux vidéo rétro et bien sûr Tetris – avec dessins pixelisés à l’appui –, Jon S. Baird propose un film qui tient bien la route et qui parvient à rendre intéressante une histoire de droits commerciaux qui pourrait sembler aride au premier abord.
Mais voilà, on aura beau utiliser toutes sortes d’artifices, y compris avec une course-poursuite en voiture et d’excellentes reprises, en russe et en japonais, de chansons des années 1980, il n’en reste pas moins que Tetris est une histoire de droits d’exploitation commerciale. Dans cette course entre capitalistes et communistes véreux, on est loin de la grande quête humaniste, voire même de l’enjeu de grande importance autour duquel pourrait s’articuler un thriller, un film d’action, ou encore un long-métrage d’aventure.
Oui, Tetris est un bon divertissement, mais il est permis de douter que ce biopic entrera dans les annales cinématographiques. Ce qui n’est pas nécessairement grave, non plus. Après tout, nul besoin de réinventer constamment la roue.