Les cryptomarchés, des marchés se trouvant sur la partie « cachée » du web qui peuvent faciliter la vente de biens illicites entre des marchands et des acheteurs, semblent être des alternatives plus qu’intéressantes lorsque vient le temps d’acheter de la drogue en personne, selon des chercheurs de l’Université Simon Fraser.
Selon eux, l’apprentissage machine et le suivi des marchés via des robots circulant sur le web pourraient aider à contrer cette tendance en augmentation.
En vertu de leurs travaux, les revenus de la vente de drogue sur ces cryptomarchés ont bondi de 80 % entre 2013 et 2021, ce qui démontre une croissance marquée au sein de cet écosystème criminel.
« Les cryptomarchés, qui sont habituellement des sites à courte durée de vie qui apparaissent et disparaissent régulièrement, peuvent être utilisés pour accéder à ce genre de produits », a indiqué Richard Frank, professeur en criminologie. Ce dernier est aussi le créateur du Dark Crawler, un outil permettant de recueillir et analyser des données provenant du web, ainsi que du « web caché », cette section non indexée d’internet à laquelle on accède souvent grâce à des logiciels spéciaux, et où l’on dissimule des détails permettant d’identifier les internautes.
« Avec des prix plus bas, des transactions sans contact et une grande variété de drogues disponibles, cela devient une avenue intéressante pour ce commerce illicite », mentionne le Pr Frank.
Pour mieux comprendre les produits disponibles au sein de ce système de cryptomarchés et identifier les facteurs qui encouragent et découragent les vendeurs à expédier leurs biens à l’échelle internationale, les chercheurs ont recueilli des informations à partir de huit de ces cryptomarchés, entre juin 2021 et janvier 2022.
Au dire des spécialistes, un total de 16,8 tonnes de drogues ont été vendues pour un montant de 234,7 millions de dollars à travers ces huit cryptomarchés, les produits les plus populaires étant les stimulants, le cannabis, les opioïdes et les benzodiazépines, qui ralentissent l’activité cérébrale.
Les chercheurs ont également découvert que les produits offerts en plus grandes quantités et à moindre coût avaient plus de chance d’être expédiés à l’international, alors que d’autres n’étaient envoyés qu’à l’intérieur d’un marché domestique, possiblement en raison d’un risque perçu comme étant plus grand lorsque vient le temps d’envoyer un colis au-delà des frontières.
« Les cryptomarchés ont pris de l’ampleur et cette tendance va probablement se poursuivre, mais certains aspects de ces transactions pourraient devenir moins visibles, comme si les vendeurs décident de passer à des plateformes sur invitation seulement », indique Shu Liu, un membre de l’équipe de recherche du Pr Frank.
« Il peut être difficile, pour les autorités, de s’attaquer à la vente de drogue sur les cryptomarchés, mais en développant et en testant de nouveaux outils et techniques, cela permettra d’accroître les possibilités d’intercepter des colis illicites, alors que ceux-ci transitent par le système postal. »
Au dire du Pr Frank, l’écosystème des cryptomarchés devrait faciliter un nombre croissant de transactions illicites et continuer à se développer au cours des prochaines années.
« L’apprentissage machine pourrait devenir une solution pour mieux rechercher et identifier les colis contenant de la drogue au cours du processus d’expédition, en fonction des caractéristiques de ces envois. Avec la saisie d’un plus grand nombre de colis, les vendeurs pourraient décider de ne plus expédier leur marchandise à l’international, en raison des risques plus élevés et des pertes financières potentielles », dit-il.
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