Il y a lingerie et lingerie; du moins, c’est l’avis de Laurianne André, designer fondatrice de l’entreprise Fleur sauvage lingerie, une compagnie montréalaise qui vient de faire ses premiers pas en ligne. Et pour se démarquer dans un marché qui peut sembler surchargé, la compagnie mise sur l’accessibilité, l’inclusivité et l’érotisme. Rencontre.
« Ça remonte vraiment à loin, dans mon parcours », raconte Mme André, lors d’une entrevue accordée à Pieuvre.ca « J’ai commencé à m’intéresser à la lingerie au secondaire; la mode était une passion, mais plus particulièrement la lingerie », ajoute celle qui est ensuite allée étudier en design de mode au collégial.
« Après ma technique, j’ai fait mon bac en sexologie, parce que j’ai toujours trouvé que c’était assez limité, l’industrie de la lingerie, et je m’intéressais aussi aux différentes identités, à la place de la femme… Je voulais approfondir mes connaissances à propos de la sexualité humaine. […] Après, j’ai poursuivi en gestion; j’ai commencé la première collection de Fleur sauvage lingerie à ce moment-là, soit environ deux ans avant le lancement de la compagnie », mentionne encore Mme André.
Fleur sauvage lingerie n’est certainement pas la première entreprise à proposer des articles de lingerie, ni même à tenter de faire sa place en ligne, notamment sur Instagram, où l’attention des utilisateurs est souvent partagée entre des photos de chats, des images des plus récentes vacances de nos proches et des publicités pour des produits allant des voitures aux éléments de décor, en passant par les vêtements et la nourriture.
Mais ce que l’on remarque, en examinant les différents produits offerts sur le site de l’entreprise, c’est une réelle volonté de favoriser l’inclusivité. Comme le mentionnait déjà l’auteur et chroniqueur Mickaël Bergeron, notamment, dans son essai La vie en gros, paru en 2019, les personnes minces ne sont pas les seules à vivre de la sexualité, ni même les seules à souhaiter pimenter leur quotidien.
Dont acte : Fleur sauvage lingerie met ainsi de l’avant des femmes – et des hommes! – de toutes les tailles, avec des articles dont la grandeur variera elle aussi très largement.
« Cela fait vraiment partie de la marque, en fait, de démontrer la diversité humaine, et pour moi, puisque c’est une marque de lingerie érotique, je trouvais ça encore plus important, car je crois qu’on ne voit pas assez de représentation, lorsque l’on parle d’érotisme, de sensualité… On montre souvent la même silhouette, toujours des femmes, toujours d’un certain âge, aussi », mentionne Mme André, qui affirme que cette caractéristique demeurera au sein de son entreprise.
« Ce qui est dommage, c’est que certaines marques, qui offrent des articles de plus grande taille, les montrent très rarement sur les réseaux sociaux, ou dans leurs publicités. Selon moi, cela envoie un message, cela limite les personnes à qui tu t’adresses, avec ta marque. »
« On dirait que j’ai davantage la mentalité qu’en créant ma collection, j’essaie de rejoindre le plus de corps; après, c’est aux gens de décider si cela les intéresse, ou non. Je ne vois pas pourquoi c’est moi, en tant qu’entreprise, qui déciderait si toi, ça t’intéresse de la dentelle, ou du cuir. Je trouve que chez plusieurs entreprises, avec cette représentativité limitée, c’est comme si elles donnaient le droit à seulement certaines personnes de consommer leurs produits. »
Des mentalités qui évoluent
Ce qui peut aussi contribuer au succès de Fleur sauvage lingerie (et d’autres entreprises du genre), juge Laurianne André, est le fait que les consommateurs semblent plus à l’aise de porter des articles érotiques en public qu’auparavant. Sur le compte Instagram de l’entreprise, d’ailleurs, on a pu voir des clients arborer qui un combiné, qui un harnais, par exemple. Rien ne garantit que porter les menottes offertes par la boutique, ou encore les jarretières ornées de chaînettes, ne fera pas légèrement sourciller lors de votre prochaine sortie au restaurant, cependant.
« Je pense qu’il y a davantage de confort lorsque vient le temps de s’habiller osé; de plus, la lingerie a toujours été quelque chose de cher, alors si tu peux le porter dans un autre contexte que dans l’intimité, cela peut être un avantage pour les clients », juge Mme André.
« Je pense aussi qu’avec les réseaux sociaux, les gens sont plus à l’aise de montrer leur corps, et c’est aussi plus accepté. Je crois qu’il y a une révolution sexuelle, depuis quelques années, au Québec. »
Des concurrents, mais pas complètement
La fondatrice de Fleur sauvage lingerie est par ailleurs bien consciente d’évoluer dans un monde où les grands noms sont bien implantés. Qu’il s’agisse de Victoria Secret, à l’échelle internationale, ou encore de La vie en rose et de Blush lingerie, qui sont davantage québécoises, les concurrents sont légion.
Mais Mme André estime aussi que « puisque ces compagnies ne font pas dans la lingerie érotique, on dirait que je me vois moins dans le même bateau, parce que nous n’offrons pas le même type de lingerie, je ne sens pas que les clients qui viennent me voir vont voir ces entreprises-là pour les mêmes besoins ». D’autant plus que les articles de Fleur sauvage ne sont probablement pas pour une utilisation quotidienne. On est loin des « bobettes en coton », lance la jeune femme.
Celle-ci précise également trouver de l’inspiration auprès d’autres boutiques de lingerie érotique, dont Marie Mur, mais où les produits sont souvent hors de portée du consommateur lambda. Après tout, payer près de 1000 $ pour un ensemble en cuir n’est pas offert à tous. D’où l’idée, affirme Mme André, de se tourner vers le moyen de gamme, avec des produits dont le prix maximal flirte avec les 175 $.
Pour la suite des choses, avec à peine deux mois et des poussières au compteur, Fleur sauvage lingerie veut continuer à développer sa clientèle; déjà, sa designer et fondatrice propose un blogue rassemblant des textes et des dessins érotiques. Et au cours d’une séance photo tenue plus tôt cette semaine, une collaboration semblait prendre forme avec une entreprise offrant des jouets pour adultes. Il y a donc encore bien de l’espace pour favoriser l’exploration de la sexualité des consommateurs d’ici et d’ailleurs…
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