La guerre, c’est l’enfer. Et pour Nicolas Pesl, la guerre, c’est à la fois l’exode des réfugiés fuyant un pays dévasté par les bombes, mais aussi les pièges inhérents à un pays d’accueil. Et dans La jungle, publiée chez Atrabile, on découvrira un récit si universel, en quelque sorte, qu’il ne sera pas nécessaire de l’accompagner de paroles.
Voilà effectivement l’un des aspects les moins conventionnels de cet ouvrage : tout y est raconté en images, certes, mais sans dialogues. Conséquemment, le dessinateur, lorsqu’est venu le temps de créer son roman graphique, a dû à la fois faire preuve d’imagination pour que les lecteurs puissent comprendre le déroulement de l’histoire, mais a aussi eu l’occasion, du même coup, de plonger dans un univers davantage stylisé, plutôt que de s’en tenir à un dessin « réaliste » cadrant avec un récit qui l’est tout autant.
Voilà pourquoi, peut-être, le monde de La jungle est discrètement peuplé de vaisseaux volants et de plateformes flottantes. Est-ce un monde parallèle? Un futur proche ou lointain? Ou encore une autre planète? Pourtant, tout le reste ressemble à ce que nous retrouvons sur notre propre planète, y compris les armes automatiques et les bidonvilles du tiers monde.
Quoi qu’il en soit, voilà l’histoire d’un homme, d’une femme et de son enfant qui fuient une guerre, donc, et se retrouvent, éventuellement, dans un pays tropical, où dirige (règne? sévit?) un genre de gourou mystique. Peu à peu, l’homme devra s’endurcir, devenir ce qui semble avoir pourtant tenté de fuir. Quant à la femme et à son enfant, eh bien…
Est-ce le signe d’un éternel recommencement? La guerre engendre-t-elle toujours la guerre? Est-il possible d’échapper à la violence, à l’oppression, à l’horreur? Et que sont ces mystérieuses figures squelettiques qui semblent poursuivre notre protagoniste?
Toutes ces questions demeureront sans réponse, l’oeuvre de Nicolas Pesl servant d’abord et avant tout à faire réfléchir. Après tout, on pourra, dans le confort de notre propre esprit, ajouter toutes les paroles désirées, créer des échanges entre les personnages. Mais on peut également se laisser porter, en quelque sorte, par ce récit beau et terrible à la fois qui nous rappelle que la guerre ne change jamais.
La jungle, de Nicolas Presl, publié aux éditions Atrabile, 344 pages