À moins de vivre dans un pays équatorial ou désertique (et encore), peu de gens ignorent l’existence de la glace, cette déclinaison solide de l’eau, un élément essentiel non seulement à la vie, mais pour un nombre incalculable d’activités et de produits. Dans Mondes de glace, présenté au Planétarium de Montréal, le spectateur découvre aussi l’importance (et la fragilité) de cette substance que l’on retrouve sur Terre, mais également aussi loin que sur Pluton, et même plus.
Narrée par Beatrice Deer, d’origine inuite et mohawk, le moyen-métrage documentaire établit des parallèles entre l’importance de la glace sur notre planète, principalement dans les régions arctiques, et la présence de cette précieuse substance ailleurs dans le cosmos. Il est notamment particulièrement intéressant de savoir que loin d’être uniquement concentrée sur Terre, et sur les pôles et dans le sous-sol de Mars, un grand nombre de planètes de notre système solaire contiennent de la glace, y compris certaines géantes gazeuses, où cette glace, extrêmement compressée et chauffée, prend une couleur noire!
Mais malgré son abondance à l’extérieur de notre monde, la glace, sur Terre, est menacée par les changements climatiques. Non seulement cette glace assure-t-elle habituellement l’apport en nutriments de nombreuses espèces, y compris l’humain, qui va ensuite pêcher ou chasser les animaux venus se nourrir, mais les glaciers soumis à une fonte accélérée offrent généralement de l’eau douce à des millions de personnes.
Sans glace, les plantes contenues dans le pergélisol vont aussi se retrouver à l’air frais, pour ensuite pourrir et dégager de très grandes quantités de méthane, un gaz à effet de serre particulièrement puissant.
Et bien plus loin, à des millions de kilomètres de notre monde qui se réchauffe, des suites de notre activité industrielle, la présence de glace donne espoir aux astronomes et autres scientifiques qui cherchent des traces de vie ailleurs dans l’univers. La lune Encelade, par exemple, possède des geysers, à son pôle sud, qui percent l’épaisse couche de glace qui se trouve à sa surface, projetant de l’eau liquide dans les airs, mais aussi des molécules organiques. Autant de raison d’aller y jeter un oeil par sonde interposée, d’ici quelques années.
Tout cela est intéressant, et montré de façon originale, notamment pour tenir compte du dôme de projection du Planétarium, mais… Mais on dirait qu’il manque quelque chose. Peut-être un lien plus direct entre l’importance de la glace pour les Premières Nations et d’autres peuples de notre planète et la quête de la vie ailleurs dans le système solaire.
En fait, ce qui cloche, c’est que l’on en aurait pris davantage. Davantage d’informations, davantage d’explications; il est fort dommage que le tout dure moins d’une heure, bien que l’on puisse comprendre que des impératifs techniques limitent la durée des projections.
Malgré tout, on ressort de la salle en étant un peu déçu. La faute, sans doute, à une culture scientifique probablement plus développée que la moyenne, ou encore un intérêt déjà très marqué pour l’exploration spatiale et les questions environnementales.
Mondes de glace jette efficacement les bases d’un regard critique, teinté de vert (et de blanc), sur notre monde et notre existence. Il en revient sans doute à nous, ensuite, de compléter le périple.
Mondes de glace prend l’affiche au Planétarium de Montréal le 14 décembre.