Florant Vollant signait, il y a peu, Ninanimishken : je marche contre le vent. Épaulé par Justin Kingsley, il y raconte sa vie, il y raconte l’histoire de son peuple et, surtout, il partage.
Il partage avec le lecteur et la lectrice son enfance lors de laquelle il a appris à rentrer dans le rang pour éviter de déplaire aux robes noires et d’en subir les conséquences : survie 101 au pensionnat pour autochtones. Il partage la souffrance et la colère face à la déchéance de ses parents qui se sont vu retirer leurs enfants sur les belles promesses d’une éducation enrichissante et qui ont sombré dans l’alcool.
Il partage aussi avec nous le miracle que la musique a exercé sur lui et les amitiés indéfectibles de sa communauté de musiciens dont ses trois Richard : Séguin, Desjardins et Zachary. Il émaille d’ailleurs le récit de textes de ses chansons, en Innu-aimun.
Mais ce qui semble prendre le pas sur tout le reste dans cette biographie, c’est l’importance des origines et du territoire, la sagesse des anciens. Dans cet ouvrage intime, Vollant arrive à nous transmettre le vrai, à nous montrer comment il est possible de dire beaucoup lors d’une longue promenade sur le Mont-Royal… alors qu’aucune parole n’est échangée. On y apprend aussi que de s’égarer en forêt est aussi formateur que de retrouver son chemin du premier coup. Que d’affronter sa peur nous aide à apprivoiser la nuit. Au fond, l’auteur insiste sur l’aspect initiatique de la transmission. Sans transmission, un peuple disparaît !
Le style de Florent Vollant est amical, voire fraternel. Il s’adresse à nous comme à une vieille connaissance à qui il n’aurait pas parlé depuis longtemps. Il dit l’essentiel, ne tartine jamais, nous laisse deviner les détails et s’efface devant son propre récit. Sans nous faire la leçon, il nous en donne une : si tu veux avancer pour vrai dans ta vie, t’as intérêt à marcher face au vent!
Publié chez Flammarion – Québec.