Après plus de deux ans de pandémie de COVID-19 et six mois de guerre en Ukraine, comment les jeunes Allemands arrivent-ils à jongler avec ces deux crises mondiales? Il semblerait que la guerre et la crise climatique font partie des grandes inquiétudes des répondants à un vaste coup de sonde. La pandémie? Pas vraiment.
Le sondage en question, intitulé Attitudes et inquiétudes au sein de la jeune génération allemande, a été réalisé par IPSOS auprès de 500 participants âgés de 12 à 18 ans au mois de mai dernier.
Les résultats indiquent que la majorité des jeunes (60 %) craignent une baisse de la prospérité déclenchée par une hausse des prix de l’énergie et par l’inflation.
Par ailleurs, plus de la moitié des répondants disent aussi ressentir de la peur (58 %) et de la tristesse (51 %) en lien avec la crise en Ukraine, les adolescents de 12 à 15 étant les plus effrayés. De plus, plus de la moitié des 12-13 ans (57 %) et des jeunes ayant reçu un bas niveau (52 %) ou un niveau modéré (55 %) d’éducation craignent que le conflit ne finisse par déborder en Allemagne. La majorité des répondants (55 %) ne veulent cependant pas que Berlin s’implique davantage dans le conflit.
La crise climatique, pour sa part, préoccupe principalement les adolescents les plus jeunes et les plus âgés, 48 % des 16 à 18 ans et 46 % des 12 à 13 ans se disant très inquiets à ce sujet. Peu de jeunes, toutefois, ont peur de la COVID-19. Dans ce domaine, ce sont les 12 à 13 ans qui sont les plus nerveux, dans une proportion de 29 %, comparativement à 20 % des 14-15 ans et 17 % des 16 à 18 ans.
Selon des spécialistes, les sentiments actuels chez les jeunes Allemands ne devraient pas être surprenants, en fonction des nombreuses menaces et crises, mais ils devraient faire retentir des signaux d’alarme.
« Plusieurs enfants et adolescents ont reçu bien peu d’inspiration provenant de sources externes pendant la pandémie, et n’ont pas pu profiter d’occasions de se développer et de participer aux activités communes. Au même moment, les jeunes vivent des peurs que nous devons prendre au sérieux. Particulièrement en ces temps difficiles, il est nécessaire de s’assurer que les jeunes puissent vivre des vies accomplies. Cela ne peut se produire que si nous écoutons les enfants et les adolescents, et que nous prenons leurs craintes et leurs désirs au sérieux », a indiqué Liz Mohn, présidente du centre qui porte son nom, et qui a contribué à la réalisation de l’étude.
Les jeunes sont pessimistes quant à l’avenir de l’Allemagne…
Environ deux jeunes sur cinq croient que la vie dans le pays sera plus difficile au cours des trois prochaines années. Un peu moins du tiers des répondants croient que l’avenir de l’Allemagne ne sera ni meilleur, ni pire que la situation actuelle. Seulement un sondé sur six croit que la situation ira en s’améliorant.
« Il est clair que les membres de la jeune génération accordent beaucoup d’importance à leur propre carrière et à leur liberté personnelle. Au même moment, cette génération peut aider à modeler la société et veut s’impliquer, bien qu’elle ait généralement l’impression de ne pas être prise au sérieux par les décideurs politiques. Il y a un véritable besoin d’action, ici, puisque les enfants et les adolescents ne croient pas que les écoles les préparent de façon adéquate », mentionne pour sa part Jörg Habich, gestionnaire au Liz Mohn Center.
…mais ils sont optimistes quant à leur propre avenir
Malgré les peurs et les craintes des jeunes, seulement 5 % des sondés disent être complètement insatisfaits de leur situation actuelle. Ce sont les jeunes adolescents, âgés de 12 à 15 ans, qui tendent à être davantage satisfaits (de 48 à 51 %), comparativement aux autres.
Les libertés personnelles sont de loin l’aspect le plus important pour les jeunes, suivi par le fait de voyager et de découvrir le monde, de gagner de l’argent, et d’adopter des responsabilités. Les 16 à 18 ans, eux, priorisent le fait de lancer leur carrière, dans une proportion de 85 %.
Le domaine politique, de son côté, ne joue presque aucun rôle dans la vie des jeunes. Seule une minorité de répondants (31 %) sont à jour en ce qui concerne les enjeux politiques. Sans surprise, les adolescents plus âgés sont plus aux faits des questions de société. Cependant, 72 % des participants au coup de sonde ne sont pas actifs dans un parti politique. Une autre cause d’inquiétude est le fait que seule une faible minorité de jeunes (12 %) jugent que les décideurs les prennent au sérieux.