La série télévisée Batwoman n’aura pas survécu longtemps au départ de son interprète principale, Ruby Rose, et avec sa troisième saison, disponible depuis peu en Blu-ray et DVD, c’est maintenant l’heure pour la version féminine du Chevalier Noir de faire ses adieux.
Toutes les armes et les gadgets confisqués aux vilains par Batman au fil des années et soigneusement entreposés dans la Batcave se sont retrouvés dans la rivière de Gotham lors du combat final contre le criminel Black Mask à la fin de la saison précédente de Batwoman. Le chapeau du Mad Hatter, les plantes de Poison Ivy, une dent de Killer Croc pouvant transmettre l’infection dont souffrait Waylon Jones, un contenant de nitrogène liquide de Victor Fries alias Mr. Freeze, le fouet de Flamingo, le parapluie du Pingouin, le serre-main électrocuteur et le gaz hilarant du Joker, autant d’items dangereux se retrouvent dans la nature, où ils risquent de tomber entre de mauvaises mains, qui s’en serviraient pour semer le chaos dans une ville qui en a déjà plus que sa juste part. Menaçant de dévoiler son identité secrète, la policière Renee Montoya force alors la justicière masquée à faire équipe avec la psychopathe Alice, qu’elle fait libérer de l’asile d’Arkham, afin de récupérer ces objets et les mettre hors circulation.

Après une première saison assez prometteuse, Batwoman a été frappé de malchance, alors que l’actrice Ruby Rose (l’interprète du rôle-titre), a quitté l’émission suite à un accident sur le plateau de tournage, laissant la production dans une situation embarrassante. Les scénaristes ont alors décidé de créer une toute nouvelle Batwoman, Ryan Wilder, qui est non seulement lesbienne (à l’image de l’héroïne des comics), mais également afro-américaine. À peine ont-ils eu le temps d’établir leur version de la justicière masquée que la chaîne CW a tiré la plogue sur la série télévisée. Il ne restait donc que treize petits épisodes pour boucler toutes les histoires entamées depuis le début, mais après avoir visionné Batwoman: The Third and Final Season, tout laisse croire que les producteurs s’attendaient à en avoir une quatrième, puisqu’ils laissent la porte grande ouverte pour une suite à la fin du dernier épisode, qui ne viendra jamais.
Batwoman reprend la même recette que les nombreuses adaptations télévisées de comics de DC produites par Greg Berlanti (Arrow, The Flash, Supergirl, etc.), où une équipe tissée serrée se forme autour du personnage principal afin de le seconder dans sa tâche. Pour cette raison, ce type d’émission verse parfois davantage du côté du téléroman que de l’histoire de superhéros, et c’est le cas ici. Cette troisième saison est axée autour du thème de la famille, alors que Ryan fait la connaissance de sa mère biologique et de son frère, que Luke Fox renoue avec son père, dont la personnalité a été injectée dans une intelligence artificielle, et qu’on assiste à des rapprochements entre Alice et celle qui a pris sa place au sein des Kane, Mary Hamilton. On ne peut reprocher à la série de mettre en vedette la diversité sexuelle, mais le fait que 75% des personnages principaux soient des lesbiennes manque statistiquement de réalisme, et semble arrangé avec le gars des vues.

Il y a malheureusement plusieurs faiblesses dans cette troisième saison de Batwoman. Contrairement à la précédente, qui s’attaquait à des thèmes beaucoup plus larges, comme le racisme systémique des institutions ou les méfaits de la privatisation des forces de l’ordre, ces treize nouveaux épisodes utilisent la formule du « vilain de la semaine ». À chaque épisode, des quidams s’emparent des armes des vilains classiques de Gotham, et on se retrouve avec des versions 2.0 un peu poches de Killer Croc, du Mad Hatter, de Poison Ivy ou du Joker, ce qui permet aux scénaristes de s’affranchir des contraintes imposées par le matériel original, sans jamais parvenir à lui insuffler assez de nouveauté pour que l’exercice soit intéressant. Plusieurs personnages tirés de l’univers des comics débarquent dans la série, comme Victor Szasz, le tueur à gages; la policière Renee Montoya, et une version assez réductrice de Professor Pyg, qui est présenté ici comme un chef cuisinier cherchant à sa venger de son licenciement. Luke Fox trouvera le costume que son père a fabriqué pour lui, et quittera les ordinateurs de la Batcave pour participer à l’action sous l’identité du héros Batwing.
Beaucoup moins athlétique que Ruby Rose, Javicia Leslie livre une Batwoman correcte, quoique ses batailles soient un peu trop chorégraphiées, et reposent surtout sur l’utilisation de harnais. Rachel Skarsten n’est pas mauvaise dans la peau d’Alice, mais on déplore l’importance accordée à ce personnage irritant, qui est devenu le protagoniste central de la série au fil des saisons, encore plus que Batwoman elle-même. Camrus Johnson, dont le Luke Fox connaîtra une transformation en profondeur, est l’un des meilleurs acteurs de la distribution. Victoria Cartagena reprend le rôle de Renee Montoya, qu’elle avait déjà assumée dans la série Gotham. Nick Creegan, l’interprète de Marquis, le frère de Ryan Wilder, n’a malheureusement pas le talent nécessaire pour incarner le fils spirituel du Joker. Les amateurs du Arrowverse seront heureux de retrouver David Ramsay et son personnage de John Diggle dans deux épisodes.

Comprenant les treize épisodes d’une quarantaine de minutes chacun sur trois disques Blu-ray ainsi qu’une version numérique, le coffret haute-résolution de Batwoman: The Third and Final Season compte assez peu de matériel supplémentaire. En dehors de sept scènes retirées du montage final et d’un document colligeant les décrochages les plus drôles survenus durant le tournage, on ne trouve qu’une seule et unique revuette d’une quinzaine de minutes sur l’édition, intitulée Batwing: A Hero’s Journey, dans laquelle Camrus Johnson, Javicia Leslie, et la productrice et scénariste Caroline Dries parlent de Luke Fox et de sa transformation en héros dans cette troisième saison.
Batwoman est définitivement la moins réussie des séries de superhéros produites par Greg Berlanti. Il n’est donc pas étonnant qu’elle se termine après seulement trois saisons, mais ceux et celles qui ont suivi l’émission depuis ses débuts voudront toutefois voir sa conclusion, même si elle laisse à désirer.
6/10
Batwoman: The Third and Final Season
Réalisation: Holly Dale, Jeffrey G. Hunt, Greg Beeman, David Ramsey, Rob Duncan, Marshall Virtue, Michael C. Blundell, Glen Winter, Camrus Johnson, Eric Dean Seaton
Scénario: Caroline Dries (d’après les personnages créés par Bob Kane et Bill Finger)
Avec: Javicia Leslie, Rachel Skarsten, Camrus Johnson, Meagan Tandy, Elizabeth Anweis, Robin Givens, Nick Creegan et Rachel Maddow
Durée: 545 minutes
Format : Blu-ray (3 disques + copie numérique)
Langue : Anglais seulement