Le milieu et la fin des années 1990 était une époque bénie pour les amateurs de science-fiction, d’informatique et de cyberpunk. The Net, The Landmower Man, Virtuosity, mais aussi Hackers et, quelques années plus tard seulement, The Matrix… autant de films explorant la relation de l’humain avec la technologie. Et Johnny Mnemonic, sorti en 1995, ne fait pas exception, que ce soit en termes d’ambition… ou de pauvreté d’exécution.
Embauché comme « transporteur de données » dans le monde futuriste de 2021, Johnny sert de disque dur ambulant pour transférer des informations souvent secrètes et dangereuses d’un point A à un point B, dans un contexte sociétal où les grandes corporations sont reines et maîtresses de la vie de tous les jours, mais où, également, la violence est largement répandue dans les rues. Ainsi, le scénario de William Gibson, le maître absolu du cyberpunk, n’est heureusement pas représentatif de la véritable année 2021 – on ne s’aventurera pas, ici, à comparer la pandémie qui frappe la populace du film et la COVID-19 –, mais certaines prévisions sont étrangement justes.
On aura beau justement retenir les services de Gibson, qui adapte ici son propre roman, le réalisateur Robert Longo (dont c’est le seul long-métrage) n’a clairement pas eu accès aux moyens de ses ambitions. Ou, de façon peut-être plus exacte, aux moyens des ambitions de Gibson. Certes, l’idée d’un affrontement entre un groupe de résistants piratant les ondes pour saper le pouvoir des grandes entreprises et ces cartels qui contrôlent de nombreux aspects de la vie de tous les jours, en tentant au passage d’en extraire le plus d’argent possible, est intéressante… et réaliste, en quelque sorte. Certes, il y a toujours quelque chose de franchement accrocheur dans cette idée de plonger dans un univers virtuel et de vraiment « naviguer » sur internet, à l’instar du joueur dans le titre Tron 2.0, plutôt que de rester assis devant un écran…
Mais Johnny Mnemonic ne fonctionne pas. Le scénario est plus qu’alambiqué, le jeu des acteurs est affreux, et le film souffre des mêmes problèmes que bien d’autres titres de série B de l’époque, à savoir les séquences d’action mal réalisées, notamment, ou encore les plans de caméra qui tentent maladroitement de camoufler la pauvreté des décors.
Il faut peut-être voir Johnny Mnemonic comme le reliquat d’une époque. Un témoin du moment où la réalité virtuelle était la nouvelle tendance, où le début d’internet laisse entrevoir un monde de possibilités infinies, et où la technologie était à la fois mystérieuse et merveilleuse. Mais hors de ce contexte, le long-métrage est un film de série B bien trop ambitieux pour son propre bien.