Qui n’a jamais vu The Matrix? Ou, plutôt, qui n’a jamais vu, depuis la sortie du premier film, en 1999, de référence directe ou plus subtile à ce classique des films d’action et de science-fiction? Et avec une remasterisation en 4K de ce long-métrage qui a cimenté le statut de superstar de Keanu Reeves, voilà l’occasion idéale d’avaler la pilule rouge et de plonger au fond du terrier du lapin.
Cette nouvelle édition, sortie en 2018, était non seulement la première déclinaison du film en ultra haute définition, mais aussi l’occasion, pour les personnes responsables de cette « remise à neuf », de corriger la coloration du film, en quelque sorte. Il faut savoir, en effet, que pour la réédition en DVD, vers la fin des années 2000, on a avait étrangement choisi de « teindre » le film en vert écran cathodique, ce qui a possiblement affecté l’expérience cinématographique de millions d’amateurs, qui n’auront jamais vu les versions précédentes, que ce soit au cinéma, ou encore en vidéocassette.
Non pas que l’idée d’une teinte verdâtre soit nécessairement un mauvais choix. Après tout, les soeurs Wachowski, les deux réalisatrices du film, employaient déjà cette couleur verte pour identifier quantité d’éléments du long-métrage, généralement des caractères ou encore des chiffres, notamment les fameuses « lettres » représentant la Matrice.
Cependant, avec cette restauration en 4K, le film retrouve ses couleurs originelles, si tant est que cela soit possible. Les couleurs sont plus diversifiées, on a moins l’impression de « vivre » dans un vieil écran d’ordinateur, et si les verts sont toujours présents, ils sont un peu amoindris, moins omniprésents. Une bonne chose, donc.
Outre cela, la version en ultra haute définition permet bien entendu de disposer d’un niveau de détail que l’on ne trouve généralement que sur la pellicule originale. The Matrix était déjà un film un peu chaotique, un peu « sale », avec cette idée d’un monde en apparence propre sur lui, mais qui est en fait rongé par un mal innommable, par une corruption sans nom. Voilà que cette idée est exacerbée, idée qui est renforcée par l’idée de l’utilisation de vieilles lignes téléphoniques filaires pour entrer et sortir de ce monde virtuel. Vieux bâtiments, endroits désaffectés, cabines téléphoniques qui sont détruites en quelques instants… Les téléphones cellulaires, les vêtements et les voitures sont impeccables, mais tout le reste appartient à une sorte d’ancien monde voué à disparaître lentement.
Et le film lui-même, dans tout ça? Certains iront jusqu’à parler de The Matrix comme de « l’un des plus grands films de science-fiction jamais produits », et s’il est vrai qu’il s’agit d’un excellent long-métrage, 22 ans après sa sortie, certains irritants sont toujours là. D’abord, si Keanu Reeves s’est fait connaître, ces dernières années, comme un grand acteur de film d’action quasi impassible, notamment dans la série John Wick, il n’a jamais été un acteur disposant d’une gamme d’émotions particulièrement développée, et cela paraît grandement dans The Matrix. Idem pour certains autres personnages. À l’exception, bien entendu, de Carie-Anne Moss, Lawrence Fishburne, et Joe Pantoliano (Cypher); ce dernier s’amuse beaucoup en méchant, et le tout est fort agréable à voir.
S’il est tentant de surévaluer le scénario finalement relativement simple, il faut se rendre à l’évidence: 22 ans après sa sortie, The Matrix est un très, très bon film. Et la réédition en 4K est la preuve que l’oeuvre a encore de très belles années devant elle, vieillissement des effets spéciaux ou pas.