Mettant en vedette des personnages ayant vraiment existé comme Louis XIV et son confesseur, le Père Lachaise, The King’s Daughter, disponible cette semaine en 4K, Blu-ray et DVD, détourne l’Histoire pour créer un conte de fées un peu trop naïf pour les adultes.
En 1684, après avoir remporté une victoire décisive contre l’Espagne dans la Guerre des Réunions, le Roi Louis XIV rentre enfin chez lui. À peine a-t-il mis les pieds en France qu’il est victime d’un attentat. Bien qu’il n’ait été que superficiellement blessé par la balle du tireur, il prend alors conscience de sa propre mortalité, et redoute le moment où il ne pourra plus guider son pays. Selon son médecin personnel, seule une sirène sacrifiée pendant une éclipse lunaire pourrait lui assurer la vie éternelle. Le monarque décide donc de financer une expédition pour retrouver la cité engloutie d’Atlantis. Contre toute attente, le capitaine chargé de la mission parvient à capturer et à ramener l’une de ces mythiques créatures au château de Versailles, où elle est emprisonnée en attendant la cérémonie, mais en tuant de sang-froid cette sirène, qui possède manifestement une âme, le Roi perdra-t-il la sienne?
Comme l’indique son titre, The King’s Daughter se concentre surtout sur l’histoire de Marie-Josephe, une jeune orpheline élevée dans un couvent, et douée pour la musique. Invitée au château de Versailles en tant que compositrice officielle, elle découvrira qu’elle est en fait la fille de Louis XIV. Se liant d’amitié avec la sirène captive, la jeune femme tentera de convaincre son père de lui redonner sa liberté, mais ce dernier a ses propres plans. Puisque les coffres de l’État sont vides après cette guerre coûteuse, le Roi a planifié de marier sa fille au jeune Duc de Lintillac, un aristocrate à la tête d’une immense fortune, mais Marie-Josephe est amoureuse d’un capitaine de bateau aussi beau que pauvre. Pas besoin d’être devin pour savoir comment se conclura cette intrigue romantique, qui a tout pour plaire aux fillettes rêvant d’être des princesses, et aux adolescentes devenues trop vieilles pour Frozen ou La Petite Sirène.
Débutant sur un livre portant le titre du film, et dont les pages s’ouvrent pour faire apparaître les mots « Il était une fois… », The King’s Daughter est rempli de lieux communs, en plus de comporter certaines incongruités. Pour capturer la sirène par exemple, les marins de l’expédition lancent des barils de poudre dans la mer, et la mèche continue mystérieusement de se consumer dans l’eau plutôt que de s’éteindre. Au moins, la cinématographie est majestueuse. La production a en effet eu la chance de tourner dans le vrai château de Versailles, et le réalisateur tire profit de cette incroyable opportunité pour produire des images splendides. L’opulence des lieux et des jardins, les banquets décadents et les bals sont donc criants de vérité. La sirène elle-même est une animation en 3D peu convaincante, et son aspect artificiel est encore plus évident lorsqu’elle est aux côtés d’acteurs en chair et en os.
Arborant toute l’autosuffisance que l’on imagine de la part d’un souverain convaincu que sa lumière éblouît la France entière, Pierce Brosnan livre un Louis XIV pompeux, imbu de lui-même, et très crédible. Dans l’une de ses toutes dernières performances avant son décès, William Hurt joue un Père Lachaise correct, mais malheureusement sans beaucoup d’éclat. Révélée dans la trilogie de films The Maze Runner, Kaya Scodelario est authentique et attachante dans la peau de Marie-Josephe. Incarnant le beau Brummel du film, le capitaine Yves De La Croix, Benjamin Walker a autant de charisme qu’une patère, et a clairement été embauché davantage pour son physique que pour son talent. Julie Andrews, la célèbre interprète de Mary Poppins, effectue la narration du film.
L’édition haute-définition de The King’s Daughter contient le long-métrage sur un disque Blu-ray, et s’accompagne d’un code pour télécharger une copie numérique. À part une courte scène retirée du montage, le matériel supplémentaire ne consiste qu’en une seule et unique revuette de huit minutes, où le réalisateur Sean McNamara aborde son travail avec les acteurs sur le plateau, et où les comédiens principaux discutent de ce qui les a attirés dans le scénario, des éléments ayant guidé leur performance, ainsi que de leur expérience de tournage dans un lieu aussi mythique que le château de Versailles.
Contenant beaucoup trop de clichés et de naïveté pour les adultes qui en ont vu d’autres, The King’s Daughter fera toutefois rêver les jeunes, surtout les jeunes filles, avec son récit fleur bleue et ses intrigues de cour. Ce n’est pas du Disney, mais c’est tout comme.
6/10
The King’s Daughter
Réalisation: Sean McNamara
Scénario: Barry Berman et James Schamus (d’après le roman The Moon and the Sun de Vonda N. McIntyre)
Avec: Pierce Brosnan, Kaya Scodelario, William Hurt, Benjamin Walker, Pablo Schreiber, Ben Lloyd-Hugues, Rachel Griffiths et Julie Andrews
Durée: 98 minutes
Format : Blu-ray (+ copie numérique)
Langue : Anglais seulement (avec sous-titres en français et en espagnol)