En attendant Œdipe, cela résonne évidemment comme Godot, God? Dieu, peut-être? François Blouin veut-il nous dire qu’Œdipe est en substance le dieu des psychanalystes? Ou pense-t-il qu’il faut revenir au personnage central de la pièce de Sophocle Œdipe roi pour saisir la quête du patient sur le divan de son analyste?
Dans un solo d’une heure et quelque, à la fois ludique, comique et assez didactique, François Blouin sous-entend de multiples questions tout en nous présentant le personnage bien célèbre qui fut capable de répondre aux questions de la sphinge après avoir tué son père, et avant de coucher avec sa mère.
Une sorte de clown se présente sur une scène décorée de colonnes grecques et d’un divan. Pantalon trop court, chaussures trop grandes, cravate trop petite, visage blanchi, cheveux tirés et barbe ébouriffée, François Blouin interprète plusieurs rôles : professeur, psychanalyste, mais aussi au centre le roi Œdipe avec sa mère-épouse et veuve Jocaste, son oncle Créon, le devin Tirésias, le messager… Les spectateurs forment le chœur, l’entourage, la société.
Toute la famille est donc rassemblée pour comprendre l’origine de la dévastation qui s’abat sur Thèbes et son roi. C’est une épidémie de peste qui de manière répétitive contamine tout le royaume, mais dont la principale victime est celui qui en est à l’origine le coupable, celui qui a commis les fautes. Son aveuglement symbolique va se transformer en véritable aveuglement, peut-être justement parce qu’il n’aura pas eu le courage de s’étendre sur le divan.
De manière assez subtile, François Blouin initie les spectateurs à la quête psychanalytique. Dans une performance où il combine le jeu de l’acteur et du clown, le mime, la danse, l’improvisation dans son dialogue avec le public, il arrive à faire sourire et même rire tout en présentant un portrait assez complet du personnage d’Œdipe et des réflexions qui l’accompagnent au-delà du trop classique et dévoyé complexe.
La quête des origines est bien sûr au centre du travail psychanalytique. Œdipe est orphelin de ses vrais parents et il va les retrouver de façon dramatique. En général le travail analytique se passe de manière moins violente, même s’il n’est pas facile de trouver le courage de suivre ce chemin long et douloureux, ce dont témoigne peut-être la réticence de certains spectateurs à collaborer avec l’artiste.
En attendant Œdipe, du 17 au 22 mars au théâtre La Chapelle
D’après “Œdipe-roi” de Sophocle
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