Peu importe leur poste et l’ampleur de leurs responsabilités, les femmes ont constaté que leurs gains en matière d’égalité sur le marché du travail ont été mis à mal par la pandémie. Cela s’est produit malgré un lien direct entre un environnement de travail inclusif et de bons résultats financiers pour l’entreprise, révèlent des chercheurs.
Ces derniers, dans des travaux récemment publiés par l’Université Concordia, dans l’European Journal of Business Management, indiquent que même si les compagnies sont bel et bien au courant de l’impact positif de cette égalité au travail, elles sont nombreuses à avoir abandonné leurs pratiques en la matière dans la foulée de l’éclatement de la crise sanitaire.
Au final, jugent les scientifiques, ce recul est non seulement mauvais pour la gent féminine, mais aussi pour la rentabilité future des entreprises.
« Comme nous le montrons dans l’étude, les femmes sont 12 fois plus susceptibles de quitter leur emploi pour prendre soin de membres de leur famille, qu’il s’agisse d’enfants ou de parents âgés. Et si elles restent, elles peuvent voir leur carrière pâtir de leur capacité réduite à se concentrer sur leur travail », affirme la coauteure de l’article, Shirin Emadi-Mahabadi. « À long terme, les mises à pied et les démissions massives des femmes n’auront pas seulement une incidence néfaste sur le PIB à l’échelle mondiale. Elles anéantiront aussi les progrès réalisés avant la pandémie. »
Comme l’indique l’université dans un résumé des travaux, les chercheurs ont examiné des dizaines de rapports sur la dynamique en milieu de travail établis par des sociétés mondiales de conseil en gestion telles que McKinsey & Company et Deloitte, ainsi que de grandes banques comme la RBC.
Or, d’après les conclusions de ces analyses, la pandémie a eu divers effets négatifs sur la situation des femmes en milieu de travail. De fait, l’un des documents est clair: les femmes étaient 19 % plus à risques de perdre leur emploi que les hommes, puisqu’elles travaillent dans des secteurs plus largement touchés par la COVID-19.
« Dans un autre rapport, il est estimé que le PIB mondial diminuera de 1000 milliards de dollars d’ici 2030 si aucune mesure n’est prise pour réduire les pertes d’emploi des femmes. Cependant, selon le même rapport, le fait de donner accès aux femmes et aux membres de groupes minoritaires à des technologies de télétravail et à d’autres mesures pourrait ajouter jusqu’à 13 000 milliards de dollars au PIB mondial », lit-on dans la note d’information.
Autre menace: l’automatisation, qui s’est accélérée depuis 2020, et qui, même si elle risque de toucher autant les hommes que les femmes en matière de postes éliminés, les premiers devraient plus aisément bénéficier de formations et de nouvelles embauches, contrairement aux secondes.
Toujours au dire de Mme Emadi-Mahabadi, le problème actuel est insidieux, car si les entreprises abandonnent maintenant leurs mesures visant à favoriser la diversité et l’inclusion, l’impact de ce recul ne se fera sentir que dans quelques années.
« Mais dans cinq ou dix ans, lorsque la prochaine crise surviendra, où en serons-nous alors? », se demande-t-elle.
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