Après avoir réalisé The Haunting of Hill House, en 2018, ainsi que plusieurs autres oeuvres d’horreur, présentées au cinéma, celles-là, voilà que le réalisateur, scénariste et monteur Mike Flanagan est de retour sur Netflix avec Midnight Mass, une minisérie mêlant deuil, honte, religion et surnaturel.
Coupable d’avoir tué une jeune femme alors qu’il conduisait en étant saoul, Riley Flynn a purgé sa peine de prison et rentre chez lui, sur la petite île de Crockett Island, au large de la côte ouest des États-Unis. Là-bas, entre pauvreté, résignation et attachement quasi maladif à la religion, la communauté s’appuyant de façon démesurée sur le prêtre de l’endroit, Monseigneur Pruitt, pour éviter l’éclatement final qui signerait la mort du village.
Confronté à des souvenirs d’enfance difficiles et à un sentiment de culpabilité omniprésent, Riley tentera tant bien que mal de se réintégrer dans la société, notamment en cherchant à retrouver sa place dans la maison où il a grandi, mais aussi en renouant avec son ancienne flamme adolescente, elle aussi rentrée au bercail.
Parallèlement, Mgr Pruitt n’a pas donné signe de vie depuis plusieurs semaines, après son départ pour un voyage en terre sainte, et voilà que débarque un autre prêtre, Paul Hill, qui assure que tout va bien. On se doute toutefois qu’il y a anguille sous roche.
Pour ajouter à la confusion et à l’angoisse qui s’installent peu à peu sur l’île, quelqu’un – ou plutôt quelque chose – s’est d’abord attaqué aux chats errants qui peuplaient une île avoisinante. Puis, des gens commencent à disparaître, eux aussi. Que se passe-t-il vraiment sur Crockett Island?
À l’instar de The Haunting of Hill House, où M. Flanagan prenait bien le temps de camper l’action et d’étoffer ses personnages avant de plonger directement les téléspectateurs dans la peur et dans l’horreur, Midnight Mass est une oeuvre que l’on savoure doucement. Du moins, au cours des trois premiers épisodes. Une fois la quatrième partie atteinte, le scénario passe franchement dans le territoire de l’horreur, et lorsque le septième et dernier épisode débutera, on sera surpris de se dire que quelques heures auparavant, tout semblait pourtant bien aller pour la centaine d’habitants de cette communauté de pêcheurs.
Sans tomber dans les divulgâcheurs – car il serait vraiment dommage de dévoiler tous les secrets de cette savoureuse minisérie –, il faut rendre à César ce qui lui appartient: Mike Flanagan navigue d’une main de maître à travers les sept heures et des poussières que dure Midnight Mass, laissant présager de certaines choses pour ensuite surprendre le public avec des révélations et des transformations scénaristiques inattendues.
On pourra sans doute reprocher un certain flottement en ce qui concerne la mise en valeur de ce qui devrait être le personnage principal, l’imposition d’une longue séance de mise en contexte – où un personnage parle tout seul pour expliquer le scénario au public, d’ailleurs –, ou encore le refus obstiné de tous les habitants de l’île d’utiliser le nom connu de la créature. Car oui, créature il y a, et cette volonté de ne pas prononcer le mot que tous les spectateurs auront pourtant au bout des lèvres sera tout aussi frustrant que cela peut l’être dans ces téléséries où la planète en entier semble ignorer l’existence des zombies, par exemple. Comme si leur propre version de la culture populaire ne comprenait pas cet aspect pourtant fort répandu.
Tout cela étant dit, Midnight Mass représente un sept heures de divertissement, d’effroi et de tension non seulement fort bien scénarisé, mais aussi très bien joué. Saluons d’ailleurs la performance de Hamish Linklater, qui incarne le père Paul Hill, ainsi que celle de Samatha Sloyan, excellente (et profondément détestable) dans son rôle de Bev Keane, une grenouille de bénitier qui pourrait bien signer l’arrêt de mort de l’île et de tous ses habitants.
À voir, donc. Peut-être même à voir durant la nuit, si vous aimez les frissons…