Tout le monde sait que de très nombreuses musiques des siècles passés ont été reprises comme musiques de films ou de théâtre. Pourquoi, alors, ne pas se permettre de remettre en valeur de grandes œuvres classiques pour en faire des musiques de ballet, même si c’était loin d’être leur destination première.
En tous les cas, c’est ce à quoi nous conviaient les Grands Ballets au cours des derniers jours.
La première œuvre au programme, du chorégraphe Garrett Smith, était dansée sur la musique de la Symphonie no. 5 de Beethoven. Une musique particulièrement rythmée qui procure une superbe colonne vertébrale à l’œuvre de Smith qui nous offre un heureux mariage entre ballet classique et moderne, sans fracture, sans errements et avec beaucoup de créativité. Et la créativité ne se retrouvait pas seulement dans les mouvements, mais aussi dans les costumes et encore plus dans la scénographie de Michael Mazzola. Des danseurs masculins portant des tutus rigides, un jeu de rideau pour créer un effet de miroir et autres utilisations d’accessoires, voilà bien des éléments de modernité qui ont su donner un aspect original à l’œuvre. Autre particularité à noter, les portés étaient très nombreux, autant avec les danseuses qu’avec les danseurs, ce qui produisait une magnifique sensation de légèreté. Voilà un œuvre qui mérite une longue vie.
En deuxième partie, sur la musique de la Symphonie no. 7 du même Ludwig van Beethoven, les Grands Ballets proposaient la même chorégraphie d’Uwe Scholz qu’ils avaient présentée au public montréalais en octobre 2017. J’écrivais alors, dans ces pages, ceci:
Costumes bien ajustés, pointes pour toutes les danseuses, physiques parfaitement découpés bien mis en évidence, nous voilà partis pour une grande prestation. Construite de façon très classique, la chorégraphie de Scholz reprend pratiquement tout ce qui existe comme mouvements dans le ballet classique, surtout ce qu’il y a de plus beau et de plus difficile à exécuter. Le maximum est exigé des danseurs vedettes et, au fond, de toute la troupe. Beaucoup de danseurs sur la scène, énormément de mouvement, d’énergie, de dynamisme et, surtout, une incroyable harmonie entre les danseurs.
J’ajoutais aussi qu’on avait pu observer quelques hiatus entre la troupe et les musiciens, ce qu’on aurait peut-être apprécié cette fois-ci, plutôt que de voir les danseurs se produire sur une musique enregistrée.
Pour le reste, mon texte de 2017 reflétait d’avance ce qu’il nous a été donné de voir vendredi soir : du bien beau travail, malgré quelques petits manques de synchronisme.
Parmi de nombreuses performances de très haut calibre, je m’en voudrais de passer sous silences celle de Catherine Toupin, sublime, et celle de Sébastien Boutin, spectaculaire.