Réalisées pour commémorer le 700e anniversaire de la mort de Dante Alighiéri, le plus grand des poètes italiens, 100 œuvres illustrant sa Comédie par l’Espagnol Salvador Dali la rendent doublement divine. Les Montréalais ont en plus la chance d’admirer ces 100 aquarelles dans un espace magnifique. L’exposition fait un bien fou et mérite le déplacement.
Divina Dalí, la Divine comédie de Dante illustrée par Dali, est présentée au Grand Quai du Port de Montréal, un espace superbe qui domine les eaux du Saint-Laurent. La mise en scène soignée joue à la fois sur la lumière et sur la musique pour accompagner les trois espaces de l’œuvre poétique avec d’abord l’Enfer, puis le Purgatoire et enfin le Paradis.
L’œuvre de Dante a été mainte fois illustrée. Mais si en 1950, pour célébrer ce 700e anniversaire de sa mort, la commande au grand artiste espagnol du 20e siècle pour rendre hommage à l’œuvre du génie italien du 13e causa un certain émoi; on comprend aujourd’hui ce choix tout à fait judicieux. Dali est un pur génie et fait parfaitement honneur à l’œuvre poétique de l’autre génie qu’est Dante. Chez les deux artistes, la beauté, l’imagination, l’érudition, la maîtrise, l’intelligence, la sensibilité se retrouvent sous les formes d’expressions qui sont les leurs et dans lesquelles ils semblent indépassables.
Dans Divina Dalí, l’imagination exceptionnelle de Dali complète à sa manière surréaliste celle de Dante. Devant chaque œuvre, on reste ébahi face à des créatures parfois effrayantes, voire cauchemardesques, ou d’une pureté et d’une finesse émouvantes.
Les œuvres sont pleines de détails délicats, avec des taches accidentelles de couleurs mouillées sur lesquelles un trait d’une extrême subtilité vient rehausser certains détails. Le style si particulier de Dali est bien reconnaissable dans cette combinaison de perspectives aux lignes de fuite très organisées et de corps démembrés ou amollis et étirés de manière démesurée.
Ainsi les supplices des Enfers sont-ils présentés sans que l’esprit comprenne très exactement ce qu’il voit mais avec toutes les sensations qui leur correspondent. Les personnages fabuleux de la mythologie, les péchés (colère, avarice…) qui font mériter les peines du Purgatoire ou l’émotion de la rencontre de Dante avec Virgile son guide puis avec Béatrice, sa muse, percent les sens du spectateur et suscitent chez lui les émotions que Dali a sans doute ressenties en les peignant sur la base du texte du poète.
L’exposition est splendide et, une fois sorti des trois espaces, on a juste une envie: revenir sur ses pas pour prendre davantage de temps devant chacune des œuvres. Il vaut donc mieux prendre son temps, car les retours en arrière sont difficiles en ces temps de COVID-19.
Divina Dalí, du 16 juillet au 31 octobre 2021 au Grand Quai du Port de Montréal.