Il y a un quart de siècle, l’auteur George R.R. Martin publiait A Game of Thrones, le premier tome de la saga A Song of Ice and Fire. Et si 25 ans plus tard, l’influence culturelle de cet univers fantastico-médiéval peut avoir quelque peu diminué – la faute à une fin en queue de poisson de l’adaptation télévisuelle diffusée par HBO et à l’interminable délai dans la publication des deux tomes restants –, force est d’admettre que le livre qui a tout lancé tient toujours superbement la route.
Vingt-cinq ans, déjà! Vingt-cinq ans que le public a pu découvrir les aventures des diverses familles politiques de Westeros, la partie occidentale de l’étrange planète imaginée par Martin, et suivre les conspirations, machinations et autres jeux de pouvoir visant à siéger sur le Trône de fer, et contrôler les sept royaumes de ce continent non seulement riche en ressources, mais aussi en histoire.
Au centre de ce conflit latent provoqué par les tensions ayant fait suite à la chute, il y a une vingtaine d’années, de la famille Targaryen, qui régnaient en maîtres sur Westeros depuis 300 ans – eux qui ont longtemps utilisé des dragons pour asseoir leur pouvoir –, on retrouve principalement les Stark, famille venue du Nord qui finira par prendre les armes contre les puissants et riches Lannister.
Ces derniers ayant largement hérité du trône après la mort du roi, le premier tome de la série se transformera peu à peu en un affrontement entre l’honneur et le calcul politique et militaire froid et cruel. Mais après tout, comme l’affirmera Cersei Lannister, épouse du défunt roi et mère régente vers la fin du livre, « au jeu des trônes, vous gagnez… ou vous mourrez », et George R.R. Martin applique déjà ce principe dès les premières pages de ce roman culte.
En fait, l’auteur se démarque de deux façons: d’abord, en créant pour ses lecteurs un monde non seulement riche et plus que diversifié, il donne l’impression d’y entrer comme spectateur, comme un individu sans grande importance, plutôt que faire adopter le point de vue du narrateur omniscient. La planète de Game of Thrones est vieille, très vieille, et les légendes et influences que l’on y trouve sont extrêmement nombreuses. Mieux encore, elles sont souvent contradictoires, ou encore incomplètes. De quoi risquer de s’y perdre, peut-être, mais aussi une occasion d’en présenter de nouvelles facettes, généralement au compte-goutte, sans que l’on puisse accuser l’auteur de trop étirer le plaisir.
Les théories sont-elles vraies? Les prophéties se réaliseront-elles? On l’ignore… Et peut-être que c’est aussi le cas de l’auteur, ce qui pourrait expliquer la lenteur de la publication des tomes six et sept de la saga.
Nonobstant les écueils de la série télé, par exemple, ou le fait que les amateurs de la série en attendent maintenant la conclusion depuis 25 ans, Game of Thrones demeure un excellent roman. Un livre où certains tics de l’auteur sont tout à fait présents, comme cette tendance à consacrer trop de temps à la description des vêtements, des repas ou des personnages secondaires, par exemple, mais un livre qui réussit, dès les premières pages, à créer un véritable univers possédant une signification en plusieurs couches.
Cela n’est certainement pas donné à tout le monde, et voilà pourquoi, 25 ans plus tard, Game of Thrones demeure un incontournable de la littérature fantastique.