Pourquoi changer une formule qui fonctionne? Voilà sans doute ce que se sont dit le réalisateur Ilya Naishuller et le scénariste Derek Kolstad au moment de tourner Nobody, un film d’action mettant en vedette Bob Odenkirk, qui s’implique aussi du côté de la production.
Formule qui fonctionne, oui, puisque cette histoire de père de famille sans histoire qui s’avère être un ancien membre d’une équipe tout à fait spécial de l’armée, capable de tuer sans y penser plus d’un instant, rappelle la série RED, adapté du roman graphique du même nom, qui mettait notamment en vedette Bruce Willis.
Les circonstances sont différentes, certes, et les fioritures du scénario en font deux films distincts, ou même deux univers distincts, mais les fondations demeurent les mêmes.
À cela, il faut ajouter l’influence plus que manifeste que Kolstad au scénario, lui qui a aussi donné au personnage de John Wick dans la série de films du même nom. De là, on retire un Hutch Mansell (Odenkirk, sympathique, mais quelque peu prévisible) qui offre un divertissement correct, sans jamais vraiment dévier de la ligne directrice tracée à l’avance par le scénariste. Par de remise en question, pas de revirement de situation majeur, pas de grande surprise au tout dernier instant… Nobody en met certainement plein la vue, mais pour la peine, on préférera certainement revoir John Wick, même si son univers est peut-être un peu trop tiré par les cheveux, plutôt que de simplement attendre que le père banlieusard typique finisse de tuer tous les méchants.
Non pas que Nobody soit « mauvais » au sens littéral du terme. Simplement, eh bien, lorsqu’arrive finalement le générique, on se retrouve assis dans notre salon, ou encore notre bureau, et l’on se dit « ah ». Et ce n’est probablement pas le fait de voir Christopher Lloyd utiliser plusieurs fusils à pompe qui justifie le fait de débourser de l’argent pour ce film.
Si John Wick n’existait pas, Nobody serait un bon film. Le genre de long-métrage à écouter entre amis, une bière froide à la main. Mais dans l’état actuel des choses, ce long-métrage tombe dans ce qui ressemble fort à un vide intersidéral. Pas celui qui est réservé aux navets, heureusement, mais plutôt celui, moins connu, qui est réservé aux films tout à fait oubliables. Tant pis!