L’année 2021 sera-t-elle celle de l’Afrique et de la Chine? Après un ralentissement en 2020, en raison des impacts économiques, sociétaux et médicaux de la COVID-19, cette année devrait marquer la relance de la collaboration économique – mais aussi en bonne partie politique – entre le continent africain et la Chine, indique un récent rapport du magazine The Economist.
Avec un total d’importations et d’exportations entre le pays d’Asie et l’Afrique qui dépasse les échanges économiques avec les États-Unis depuis plus d’une décennie, la relation entre ces partenaires n’a fait que s’accroître au fil des ans, révèlent des données compilées par les Nations unies et Eurostat. Les échanges économiques avec l’Europe demeurent toutefois la principale source de transactions avec l’Afrique, même si ceux-ci ont légèrement ralenti en 2018 et 2019, notamment.
De façon plus importante encore, la Chine a lentement, mais sûrement, rattrapé son « retard » sur l’Europe; les échanges entre l’Afrique et l’Union européenne atteignaient ainsi environ 310 milliards de dollars américains en 2019, contre environ 180 milliards US avec la Chine. Voilà aussi plusieurs années qu’environ 200 000 travailleurs chinois sont à pied d’oeuvre chaque année sur le continent africain. « Ce nombre d’expatriés reflète l’ampleur des engagements chinois en Afrique, en raison d’une expertise nécessaire due à l’ampleur et à la complexité de certains projets chinois en Afrique, ainsi que des conditions d’emplois rattachées aux prêts investissements étrangers directs de Pékin », lit-on dans le rapport.
Parmi les principales industries dans lesquelles la Chine a largement investi, on compte le transport (45 milliards en prêts entre 2000 et 2018), la production d’énergie (environ 37 milliards sur la même période), ainsi que l’exploitation minière (un peu moins de 20 milliards).
Quant aux investissements étrangers directs, les plus importants sont dans les domaines de la construction (près de 140 milliards), de l’exploitation minière (110 milliards) et de l’industrie manufacturière (près de 60 milliards), le tout pour la seule année 2019, selon des données fournies par le ministère chinois du Commerce.
Sans surprise, c’est dans les pays riches en ressources naturelles, y compris les terres rares et autres matériaux essentiels à la production des appareils électroniques, notamment, que la Chine a investi le gros de ses sous en Afrique. « Ces investissements importants devraient se poursuivre, jugent les experts, bien que les projets pourraient être choisis de façon plus sélective, et être plus diversifiés, au cours des prochaines années. »
Au total, mentionne encore le rapport de The Economist, 46 pays africains ont signé des accords d’investissement étranger avec la Chine. Parmi les projets mis en branle, on note quantité de ports, d’aéroports et de réseaux ferroviaires, généralement tous utiles pour transporter des ressources naturelles, mais aussi des produits manufacturés.
Au dire des experts, c’est une véritable « révolution rouge-verte » que le pouvoir chinois veut compléter en Afrique, en profitant du fait que les infrastructures énergétiques du continent sont généralement en piteux état. Du même coup, la Chine promeut son expertise, notamment en matière de production et d’installation de panneaux solaires, de systèmes de contrôle, de réseaux de transmission, etc.
« La Chine s’est fortement battue pour s’installer en Afrique, et a maintenant redoublé d’efforts dans le jeu compétitif consistant à avoir accès aux ressources et aux marchés de la région », écrivent les spécialistes de The Economist. La table est donc mise, en 2021, pour un renforcement de la coopération. Il reste à voir ce que feront les autres pays et régions qui investissent en Afrique.
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