Rien ne semble arrêter l’auteur Charles-Étienne Ferland dans la création de sa saga post-apocalyptique. Après la parution de Dévorés, en 2018, où l’humanité était quasiment anéantie par des guêpes géantes dévorant tout sur leur passage, voilà qu’il propose la suite, Métamorphoses, toujours aux Éditions l’Interligne.
Presque un an après l’apocalypse, donc, les choses ont étrangement changé. Les survivants humains ont appris à vivre la nuit, lorsque les guêpes dorment, et à se protéger tant bien que mal le jour. Mais au-delà des insectes, une autre menace gronde: celle des Carnivores, des humains ayant bu du sang raffiné par un champignon cultivé par les guêpes, et qui les transforme en ce qui ressemble bien à un croisement entre des vampires et des loups-garous.
On s’éloigne donc ici du simple récit de survie, pour plutôt plonger dans un monde à la fois fantastique et post-apocalyptique. Au coeur de l’histoire, il y a toujours Jack, héros du premier livre, devenu entretemps « loup-garou », et qui retrouve finalement sa forme humaine, en quelque sorte. Avec un groupe de survivants, il continuera son périple vers l’île où pourraient se trouver ses parents, perdus de vue au début de la chute de la civilisation.
En un peu moins de 200 pages, Charles-Étienne Ferland cherche ainsi à jeter les bases d’un monde aux allures de ce que l’on peut retrouver, en quelque sorte, dans Mad Max, avec ses seigneurs de guerre, ses nouvelles formes de religion, sans oublier cette lutte constante pour résister à un environnement mortel, en plus de chercher à accaparer le plus grand nombre de ressources qu’il est maintenant impossible de remplacer. Après tout, s’il est possible de faire pousser des plantes et d’élever des animaux, que se passera-t-il quand l’essence ne sera plus qu’un souvenir? Ou que les médicaments viendront à manquer? L’univers de Métamorphoses n’en est pas encore à ce point de bascule, mais on sent poindre l’éternelle pénurie.
Le problème, peut-être, dans ce deuxième tome de la série, c’est que l’auteur semble faire preuve du même empressement que dans le premier livre. En voulant créer un univers particulièrement riche, et en souhaitant faire interagir divers personnages qui disposent chacun d’un parcours qui leur est propre, Charles-Étienne Ferland se retrouve à tourner les coins ronds, en quelque sorte, et à sembler précipiter les choses.
Les revirements de situation sont ici particulièrement nombreux, et on aurait apprécié une construction scénaristique plus étoffée, avec des dialogues plus complets, encore une fois. Plutôt que de placer les lecteurs devant le fait accompli, sans laisser planer le doute ou le mystère, l’auteur aurait gagné à étirer parfois un peu la sauce, notamment en renforçant les échanges entre personnages.
Cela ne veut pas dire que Métamorphoses est un livre ennuyant, bien au contraire. On sent clairement que l’auteur a de nombreuses idées et souhaite, tel que mentionné précédemment, créer un véritable univers narratif solide pour garder ses lecteurs en haleine. Il suffira de peu de choses, dans le troisième tome, pour que la série prenne clairement et franchement son envol. À suivre.