Il faut qu’on parle de Straws in the Wind. Parce que s’il est facile de reconnaître que K.G., le plus récent album du groupe tripatif King Gizzard and the Lizard Wizard, est un très bon opus – les gars de King peuvent-ils se tromper? –, force est d’admettre que le titre en question, présent sur le disque, a des allures de beau gros troll musical.
On avait déjà eu des doutes avec Rattlesnake, sur l’album Flying Microtonal Banana. Les gars du band, devant un écran vert, s’amusaient à répéter sans cesse « rattlesnake » en faisant souvent la grimace à la caméra, ou en lançant plutôt un regard vide. Sept minutes de « rattlesnake« , ça reste en tête. Et bien entendu, avec le même riff de guitare, les mêmes accords au piano et à la batterie, on est loin du chef-d’oeuvre musical. Pourtant… pourtant, cette foutue chanson reste (beaucoup trop) facilement en tête. La preuve, ce journaliste a commencé à la faire jouer, histoire de s’en rappeler l’air pendant qu’il rédige sa critique, et voilà que la moitié de la chanson a eu le temps de passer, avant qu’il ne s’en rende compte.
Straws in the Wind est un peu Rattlesnake, mais poussé à l’extrême. La guitare acoustique utilisée comme instrument principal semble être désaccordée, ou l’on en joue pour le faire croire, certainement, le titre de la pièce revient en boucle sans s’arrêter, et en visionnant le vidéoclip, on voit les membres du groupe jouer les fanfarons, puissant ventilateur à l’appui, avec des déchets qui virevoltent un peu partout. Décidément…

Et le reste de l’album? Éclaté, bariolé, déjanté, à l’image des autres disques du groupe. On s’éloigne ici de la thématique unique, comme cela était le cas avec le précédent album, Infest the Rat’s Nest, avec son thrash métal violent, pour plutôt valser du côté du rock progressif, voire expérimental.
Chapeau, aussi, pour la pièce Intrasport, sorte d’hymne au disco-électro à la Turc étrangement tout à fait réussi. En fait, l’expression « étrangement tout à fait réussi » s’appliquerait volontiers à l’ensemble de l’oeuvre de King Gizzard. Ici, pourtant, on a l’impression que l’ensemble est plus unifié, notamment grâce aux nombreuses pièces qui prennent fin avec un enchaînement discret vers le titre suivant. Les rythmes s’emmêlent, et il est tout à fait facile de s’imaginer les membres du groupe, un grand sourire aux lèvres, passer d’une chanson à une autre sans grand effort.
K.G. est donc un autre album à ajouter au palmarès de ce qui est sans doute le meilleur groupe de la décennie. Quel autre groupe est en mesure, après tout, de non seulement démontrer une maîtrise quasiment parfaite de nombreux styles musicaux, mais aussi de faire preuve d’une productivité avoisinant l’hyperactivité, en lançant 16 albums studio en seulement 10 ans?
Les gars de King Gizzard and the Lizard Wizard nous offrent un plaisir sans cesse renouvelé. À quand, d’ailleurs, l’album d’électro pur et dur? Intrasport ouvre grand cette porte, dans laquelle on voudra s’engouffrer.
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