Une île sur le point d’être anéantie, des dieux, des démons, des personnages particulièrement colorés, un massacre et une enquête policière. Oh, et assez de musique vaporwave pour ne plus savoir quoi en faire: Paradise Killer vous convie en son monde déjanté.
D’abord, le contexte. Ou faut-il plutôt parler du style de jeu? Ou encore de l’ambiance visuelle? Développé par Kaizen Game Works et publié par Fellow Traveller, Paradise Killer est d’abord le récit d’une enquête policière. Lady Love Dies, ancienne investigatrice du Syndicat, est sortie de son exil pour faire la lumière sur une tragédie: l’ensemble de la haute direction dudit Syndicat, qui gère une dimension où des îles se succèdent, comme autant de tentatives de créer un monde parfait, a été massacrée par un mystérieux assaillant. Et il reviendra au joueur de découvrir le, la, ou les coupable(s).
Déjà, la chose semble passablement complexe. Si l’on y ajoute une ambiance mêlant film noir des années 30, « aventure graphique » typiquement japonaise et délire musical et visuel combinant néo-brutalisme et paysages paradisiaques avec des touches de néon, cela part un peu dans tous les sens. D’autant plus que les personnages que l’on rencontre, qui seront majoritairement des dirigeants de cette 24e itération de l’île (quasi) paradisiaque, semblent tous aussi cinglés les uns que les autres, avec des personnalités exubérantes et des secrets à revendre.
La quête est donc lancée: il faudra éclaircir le mystère coûte que coûte, d’autant plus que la 25e version de l’île paradisiaque est déjà prête et qu’elle n’attend plus que ses habitants. Personne, d’ailleurs, n’est réellement sympathique, sur cette île. Outre les sombres secrets que possèdent les divers personnages, ils sont tous, à un degré ou à un autre, complices de cette gigantesque machination cosmique qui implique notamment l’adulation de créatures divines et mystiques mystérieuses, dont le culte nécessite le kidnapping de milliers de « citoyens » et leur sacrifice éventuel, lorsque vient le temps de créer une nouvelle déclinaison de l’île.
Sur le plan du jeu « brut », si l’on peut dire, le principe est connu: parler aux suspects, comparer les alibis, chercher des indices. Par contre, avec tout ce que les développeurs ont ajouté autour, on est transporté dans un monde où tout est plus dynamique, tout est plus extrême, tout est plus complexe. Et, surtout, tout est plus excitant, amusant, intrigant.
Mieux encore, le jeu octroie une liberté rafraîchissante aux enquêteurs en herbe: il est possible d’accuser n’importe lequel des personnages. Encore faut-il disposer de suffisamment de preuves et de faits corroborés pour se rendre jusqu’au prononcé de la peine. Le joueur devra en effet troquer les habits qu’enquêteuse de Lady Love Dies pour ceux du procureur. Au joueur, donc, de prouver hors de tout doute raisonnable que le suspect visé est bel et bien responsable du crime odieux qui a été commis à Paradise.
S’il faut se donner une trentaine de minutes, en gros, pour suffisamment s’imprégner de l’ambiance du jeu pour véritablement apprécier son expérience, jouer à Paradise Killer est franchement rafraîchissant, en plus d’être particulièrement divertissant. Le kaléidoscope de couleurs, d’influences et de musique que l’on projette sur l’écran et entre les oreilles du joueur vaut franchement la peine. On aurait aimé se passer du système de monnaie, qui oblige à fouiller les moindres racoins pour se faire de la menue monnaie, et de marcher pendant de très longues minutes afin de parcourir les distances entre deux points, si l’on n’a pas activé le système de transport automatisé… système qui coûte justement de l’argent à activer et à emprunter. Autrement, le titre est franchement très solide, et saura convaincre les joueurs les plus dubitatifs.
Paradise Killer
Développeur: Kaizen Game Works
Éditeur: Fellow Traveller
Plateformes: Windows et Nintendo Switch (testé sur Windows / Steam)
SVGA #06: Wing Commander, Freespace, And An Asteroid To The Face