Mettant en vedette Hugh Jackman et Allison Janney, le film Bad Education, disponible cette semaine en DVD, relate la véritable histoire de la plus grosse fraude jamais commise envers le système scolaire américain.
Ancien professeur d’anglais, Frank Tassone occupe la fonction d’administrateur en chef pour le district scolaire de Long Island depuis une dizaine d’années. Sous sa gouverne, le Roslyn High School a réussi à se hisser au quatrième rang des meilleurs établissements publics d’éducation des États-Unis, et l’homme est autant apprécié par ses collègues que par les étudiants et leurs parents. Un beau jour de 2002, son assistante, Pam Gluckin, se fait pincer en utilisant la carte de crédit de l’institution pour ses dépenses personnelles. Bien que la fraude soit estimée à plus de 250 000 dollars, Tassone convainc le conseil d’administration d’étouffer l’affaire afin de ne pas compromettre le financement de l’établissement, dont le budget est sur le point d’être voté, mais lorsque Rachel Bhargava, une adolescente travaillant au journal étudiant, est chargée d’écrire un article sur le SkyWalk, une passerelle reliant deux des bâtiments du Roslyn High, elle découvrira une escroquerie beaucoup plus vaste, qui secouera en profondeur l’école, et sa direction.
Aux États-Unis, l’éducation est une affaire de gros sous, et même les écoles publiques sont gérées comme des compagnies privées. Au lieu de simplement démoniser les responsables, la force de Bad Education est de brosser le portrait global d’un système scolaire ayant permis un détournement de fonds d’une telle ampleur. Scénarisé par Mike Makowsky (qui fréquentait le Roslyn High School au moment où le scandale a éclaté), le téléfilm de HBO montre bien comment tout le monde, du personnel de l’institution en passant par les promoteurs immobiliers de Long Island, profitaient du bon classement de l’établissement, ce qui explique qu’une journaliste étudiante ait pu mettre à jour une magouille aussi grossière alors que le reste du conseil d’administration ne voulait rien voir afin de ne pas compromettre leur financement. Le long-métrage humanise aussi les protagonistes, en ne les dépeignant pas seulement comme des fraudeurs, mais aussi comme des éducateurs dévoués, sincèrement préoccupés par la réussite de leurs élèves.
Malgré quelques cadrages intéressants, Bad Education possède une facture de téléfilm, et contient beaucoup de têtes parlantes. La seule fantaisie du réalisateur est de filmer Frank Tassone de loin au début du long-métrage, et d’utiliser des plans de plus en plus rapprochés à mesure que l’intrigue avance. Hugh Jackman livre une performance tout en nuances dans le rôle de l’administrateur homosexuel du district, et le comédien joue ici sur un registre bien différent de celui auquel il nous a habitués dans les dernières années. Incarnant Pam Gluckin, l’assistante sacrifiée pour dissimuler une fraude beaucoup plus importante, Allison Janney est touchante de vérité. Bien qu’il figure parmi les têtes d’affiche du générique, Ray Romano n’est présent que dans trois minuscules scènes, et même Geraldine Viswanathan dispose de davantage de temps d’écran dans la peau de Rachel Bhargava, la jeune journaliste qui se verra confrontée à des dilemmes moraux résolument adultes.
Bad Education comprend le film sur un disque DVD, mais pas de code pour télécharger une copie numérique, comme c’est souvent le cas. L’édition compte également trois revuettes de quatre minutes chacune en guise de matériel supplémentaire. Le réalisateur Cory Finley, l’auteur Mike Makowsky et les acteurs principaux parlent de la véritable histoire dans la première. La seconde aborde les charmes et le charisme de Frank Tassone, qui lui ont permis de berner tout le monde pendant aussi longtemps, ainsi que du pouvoir des apparences et de l’art de la déception. Pandémie oblige, la troisième présente une « discussion virtuelle » entre les comédiens Hugh Jackman et Allison Janney, qui ont dû se contenter d’une vidéoconférence pour le lancement du film au lieu du traditionnel tapis rouge.
En braquant les projecteurs sur le système scolaire américain, dont le financement basé sur la performance et le manque de transparence des administrations favorise, d’une certaine façon, la corruption, le visionnement de Bad Education s’avère… très instructif!
7/10
Bad Education
Réalisation : Cory Finley
Scénario : Mike Makowsky (d’après un article de Robert Kolker dans le New York Magazine)
Avec : Hugh Jackman, Ray Romano, Welker White, Allison Janney, Annaleigh Ashford, Stephanie Kurtzuba et Laura Patinkin
Durée : 108 minutes
Format : DVD
Langue : Anglais seulement (avec sous-titres anglais)