La santé a la cote sur les réseaux sociaux, mais pas nécessairement pour les bonnes raisons: un nouveau rapport de l’organisation Azaaz révèle que les algorithmes de Facebook ont permis de multiplier les clics et les visionnements de fausses nouvelles et de contenus erronés en matière de santé. En un an, l’entreprise de Mark Zuckerberg aurait ainsi entraîné quelque 3,8 milliards de vues pour de tels contenus, révèle le rapport en question.
Dans un contexte de pandémie de COVID-19, qui a elle-même entraîné une « pandémie de désinformation« , soit une déferlante d’informations trompeuses, voire parfois carrément conspirationnistes, la publication d’Avaaz vient renforcer les observations faisant état d’un manque flagrant de rigueur, chez Facebook, pour filtrer les contenus et les liens qui y sont publiés.
« Le contenu des 10 principaux sites internet diffusant de la mésinformation sur la santé a généré presque quatre fois plus de vues sur Facebook que le contenu équivalent renvoyant à 10 autorités sanitaires de premier plan, telles que l’OMS (Organisation mondiale de la santé) ou le CDC (Centre pour le contrôle et la prévention des maladies) américain », lit-on dans le rapport.
Par ailleurs, à peine 16% de la désinformation en matière de santé qui a été retrouvée sur Facebook, dans le cadre de l’enquête d’Avaaz, était accompagnée d’une mise en garde par Facebook; malgré leur vérification par des algorithmes et des équipes spécialisées, les 84% de publications restantes sont demeurées en ligne sur les pages du réseau social.
Au total, quelque 42 pages publiques forment les principaux points de diffusion des fausses informations en santé; combinées, elles comptent plus de 28 millions d’abonnés et génèrent 800 millions de vues, précise l’enquête.
Zuckerberg pris à partie
« L’algorithme de Facebook représente une grave menace pour la santé publique. Mark Zuckerberg a promis de fournir des informations fiables face à la pandémie, mais son propre algorithme sabote ses efforts en entraînant une grande partie des 2,7 milliards d’utilisateurs de Facebook vers des réseaux relayant de la mésinformation sur les questions de santé. Cette infodémie ne fera qu’aggraver la pandémie tant que Facebook ne détoxifiera pas son algorithme et ne fournira pas des corrections à toutes les personnes qui ont été exposées à ces mensonges viraux en ligne », affirme Fadi Quran, directeur de campagne chez Avaaz.
« Cette pandémie devrait rappeler à tous l’efficacité des vaccins, mais les antivax se servent de Facebook pour répandre des mensonges dangereux et des théories du complot à des millions de personnes. Mark Zuckerberg doit agir pour enrayer la mésinformation sur les questions de santé », renchérit, pour sa part, le Pr Frank Ulrich Montgomery, président du conseil de l’Association médicale mondiale, qui représente plus de 10 millions de médecins de par le monde.
Pour corriger le tir, Facebook est invitée à agir en deux temps: d’abord, offrir, à tous les internautes ayant vu les informations erronées, un avis offrant une correction complète fournie par une organisation indépendante. Selon Avaaz, cela permettrait de réduire de moitié la croyance envers la désinformation.
Ensuite, les auteurs du rapport proposent de « détoxifier » l’algorithme en offrant moins de visibilité aux fausses informations, en réduisant leur portée dans une proportion pouvant atteindre 80%.
L’entreprise californienne n’a toujours pas agi en ce sens, déplorent les auteurs du rapport.
Contre la désinformation, l’utilité d’admettre qu’on est mal informé