Dans une petite ville du Midwest américain, Alice, 16 ans, a toujours été une bonne petite fille. Catholique jusqu’au bout des ongles (ou à peu près), elle respecte les codes stricts de sa famille, mais surtout de son école ultrareligieuse. Et pourtant, dans Yes, God, Yes, un film lancé il y a quelques jours en vidéo sur demande, elle découvrira la liberté amenée par l’éveil de sa sexualité.
Réalisé et scénarisé par Karen Maine, qui présente ici son premier film, Yes, God, Yes met en vedette Natalia Dyer, mieux connue pour son rôle de Nancy Wheeler dans la télésérie Stranger Things. Et si l’actrice a quelques années de plus que les 16 ans qu’on lui donne dans le long-métrage, elle réussit relativement bien à se glisser dans la peau d’une adolescente un peu gauche qui est confrontée à des sensations et des sentiments allant à l’encontre de son éducation.
Nous sommes au début des années 2000: l’accès à la pornographie est moins facile, et, surtout, il faut s’asseoir devant un gros écran cathodique et attendre que le modem téléphonique télécharge le contenu à une lenteur désespérante avant d’en profiter. « L’excitation » d’Alice, si on peut l’appeler ainsi, passe ainsi par un autre chemin: celui de la version VHS du film Titanic, rembobinée à de nombreuses reprises jusqu’à la sexe de sexe entre Jack et Rose, dans la voiture installée dans la cale du paquebot.
Avec sa réputation salie par une rumeur à l’école, Alice s’embarquera dans une retraite religieuse où elle espère trouver des réponses à ses questions. Mais la religion, l’abnégation et l’abstinence sont-elles vraiment efficaces pour empêcher une adolescente de s’éveiller à la sensualité et à la sexualité? C’est l’époque où les hormones provoquent une véritable déferlante, après tout.
En tant que bon coming of age, on assiste à l’évolution de la vision du monde d’Alice, et les cinéphiles auront droit à plusieurs scènes un peu coquasses où l’adolescente découvrir son corps et le plaisir qu’il peut lui procurer. Tout reste « casher », bien entendu, et le film ne tombe jamais dans le scabreux. Ce n’est pas un film de la série American Pie, ou quelque chose du genre, mais plutôt une réflexion sur l’entrelacement de la doctrine religieuse et du plaisir sexuel, deux composantes en apparence opposées, mais qui viendront nécessairement s’alimenter mutuellement. Les croyants ne doivent-ils pas peupler la Terre de leur descendance? Et l’orgasme n’a-t-il pas, en quelque sorte, un petit côté divin? Divin en diable, probablement, mais divin malgré tout.
Plus réaliste que déterminé à provoquer une confrontation, Yes, God, Yes pourrait décevoir ceux qui souhaiteraient un affrontement entre Dieu et le plaisir. Ils en seront quittes pour une histoire bien montée, relativement bien jouée, et qui pousse parfois à se retrouver, ahuris, devant l’obscurantisme volontaire des courants religieux sur les questions de sexualité et de découverte de soi.