Il y a quelque chose de parfaitement incompréhensible, de parfaitement étranger dans l’endoctrinement religieux contemporain. Passe encore, peut-être, lorsque l’on évoque des villages perdus à flanc de montagne dans des pays reculés, mais dans Le jeune Ahmed, les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne provoquent l’effroi avec le récit d’une radicalisation se déroulant en Belgique, pourtant une démocratie tout ce qu’il y a de plus occidentale.
À 13 ans, Ahmed devrait avoir la vie devant lui, d’autant plus que son institutrice l’a déjà aidé, de longues heures durant, à vaincre la dyslexie. Mais voilà, le jeune homme musulman a été endoctriné par son imam, un homme radical aux idées plus que dangereuses.
Ces idées sont si dangereuses, en fait, que l’adolescent, convaincu que son enseignante, qui souhaite enseigner la langue arabe à l’aide de chansons, est une apostat, et qu’elle mérite de mourir pour son « crime ».
Une telle attaque lui vaudra d’ailleurs de se retrouver en centre jeunesse, un endroit où il devra purger une peine – et bien sûr modifier son comportement – avant de pouvoir espérer revoir sa mère.
Avec un film direct, sans fioritures, aux allures de documentaire, donne véritablement l’impression de suivre la vie d’un jeune homme de 13 ans. Mais un jeune homme, tel que précédemment mentionné, qui s’engage sur une voie dont il semble impossible de s’échapper. On voudrait le prendre par les épaules, le secouer, lui faire comprendre que l’endoctrinement est l’abandon de la raison, et ce peu importe la religion concernée. On voudrait lui montrer le plaisir d’avoir 13 ans, malgré tous les malaises que comporte l’adolescence, la joie d’être attirée par les filles, lui faire découvrir des jeux vidéo, des films, de la musique… On se prend à espérer un revirement de situation, une illumination.
Malheureusement, Le jeune Ahmed, peut-être dans un souci de réalisme ou d’exactitude, ne se déroule justement pas comme un film, mais comme un documentaire. On se retrouve donc à y chercher la structure traditionnelle d’un long-métrage, quelque chose à quoi se raccrocher. La quête est malheureusement vaine. Le long-métrage des frères Dardenne choque, déstabilise, mais est-ce un bon film? La question se pose.