Laisser la chance à la diplomatie, encore et toujours: si les tensions entre les États-Unis et l’Iran sur la question du nucléaire attirent moins l’attention depuis l’éclatement de la pandémie, le risque d’une conflagration au Moyen-Orient est toujours présent, affirment les Nations unies, qui plaident une fois de plus pour le respect de l’accord déjà en place, y compris de la part de Washington et de Téhéran.
Lors d’un passage devant le Conseil de sécurité, Rosemary DiCarlo, secrétaire générale des Nations unies aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a déclaré que l’accord conclu en 2015 « reste crucial pour l’architecture mondiale de non-prolifération nucléaire et pour la sécurité régionale et internationale ».
« Il est donc regrettable que l’avenir de cet accord soit incertain », a-t-elle déclaré, soulignant le retrait de l’accord sur le nucléaire décidé par le président américain Donald Trump en 2018, la réimposition de sanctions américaines et la décision de Washington de ne pas prolonger les dérogations pour le commerce du pétrole avec Iran, peut-on lire dans une retranscription partielle de sa déclaration publiée sur le site internet des Nations unies.
Mais les États-Unis ne sont pas les seuls à être critiqués par Mme DiCarlo. Celle-ci a aussi déploré que l’Iran ait sciemment dépassé les limites imposées par l’accord, en « dépassant les limites stipulées dans le Plan d’action sur l’enrichissement d’uranium, ses stocks d’eau lourde et d’uranium faiblement enrichi, ainsi que ses activités de recherche et développement nucléaires ».
Il faut que Téhéran s’en tienne à la « mise en oeuvre intégrale » de l’accord de 2015, a réclamé la secrétaire générale aux affaires politiques et à la consolidation de la paix.
Par ailleurs, le régime des ayatollahs a été impliqué dans des attaques lancées contre l’Arabie saoudite, l’an dernier. Selon Mme DiCarlo, les informations techniques prélevées sur des débris de missiles lancés ont révélé que Téhéran avait fourni les armes employées.
« Nonobstant les défis actuels du JCPOA (l’accord sur le nucléaire), il reste le meilleur moyen de garantir le caractère exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien », a indiqué Mme DiCarlo. « Sa pleine mise en œuvre, ainsi que le respect fidèle de la résolution 2231, sont également fondamentaux pour la stabilité régionale », a-t-elle déclaré.
Washington et Téhéran continuent d’ailleurs de s’affronter sur le terrain diplomatique: la Maison-Blanche réclame que l’embargo sur les armes imposé à l’Iran soit maintenu, le vice-président américain Mike Pence décrivant l’Iran comme « le régime terroriste le plus odieux du monde », alors que le ministre iranien des Affaires étrangères a évoqué un « revers générationnel » pour le multilatéralisme et l’État de droit si les États-Unis poursuivaient leur « campagne d’intimidation » contre les institutions internationales.
L’Iran a « rempli tous ses engagements de bonne foi », a clamé le ministre, avant d’ajouter que « Washington et ses facilitateurs ont fait pression sur le secrétariat de l’ONU pour qu’il interprète unilatéralement » l’accord.
Pour libérer le Moyen-Orient des armes de destruction massive, il faudra renforcer la sécurité