Per Te, présenté au théâtre Outremont, puis au Diamant, est un joyeux fouillis, poétique, nostalgique, combatif par amour, fragile et délicat, mais aussi plein de force, de virtuosité et de drôlerie.
Différents décors s’y succèdent, mais imparfaits, non terminés. Un immense ciel bleu légèrement ennuagé avec une porte qui permet de franchir ce ciel, un banc rouge qui s’envole à l’occasion, des draperies géantes comme si la planète était dotée d’une grande voile de navire qui la fait voyager, une forêt de mas pour porter des assiettes tournantes en équilibre, des cris d’animaux, de la pluie, de la musique, des objets qui trainent comme si le spectacle n’était pas tout à fait prêt à être présenté…
Et en effet, Per Te se veut un spectacle en progression. Une sorte d’hommage que l’on prépare pour Julie, cette artiste qui manque à tous les autres sur scène et qui leur rappelle aussi les joies du cirque et des numéros bien accomplis.
Tous les arts du cirque ou presque sont présents sur la scène – acrobaties, contorsions, jonglerie, funambulisme, roue Cyr, cordes volantes, sangles, musique, chants, clowneries en tout genre…–, mais toujours avec une touche particulière.
Pour montrer leurs combats, par exemple, les artistes sont revêtus par moment de réelles armures médiévales, des vêtements bien encombrants pour s’adonner à la roue Cyr. Un des artistes, une sorte de clown merveilleux, fait remarquer à quel point on peut être oublié des autres ou sujet à des événements non partagés comme de la pluie qui lui est seulement destinée. D’autres revêtent de grandes ailes, comme s’il était naturel de pouvoir s’envoler.
Et puis il y a ce vent extraordinaire et que je n’ai jamais vu sur aucune autre scène de cirque. Un vent qui emporte tout, petits objets ou grands, drapeaux, pétales de rose ou légers drapés géants. Ce vent est stupéfiant, car il se cantonne à la scène et fait tout voltiger ou tourner dans un espace restreint. Tout s’envole en hauteur, mais sans quitter son espace.
On serait à trois mois de l’œuvre finale de Per Te dans ce spectacle magnifique, mais prétendument jamais achevé, sans doute du fait de l’absence de Julie.
Les artistes se souviennent d’elle. Elle aura aidé à faire « pleuvoir aussi dans les yeux » des spectateurs, à rire beaucoup et à pleurer un peu, à s’émerveiller du talent de tous ces artistes et de ces arts tellement fragiles et poétiques que sont les arts circassiens.
Per Te, les 25, 26 et 27 octobre 2019 au Théâtre Outremont à Montréal, et les 30, 31 octobre et 1 novembre au Diamant à Québec.