L’Union européenne (UE) est garante de la paix et de la prospérité, mais Bruxelles est déconnectée des citoyens ordinaires, affirment des habitants de nombreux pays du Vieux Continent interrogés dans le cadre d’un coup de sonde du Pew Research Center.
Alors que l’UE est de plus en plus tiraillée entre le libéralisme économique et la droite populiste, au moment où les négociations avec le Royaume-Uni en vue du Brexit sont toujours au point mort à quelques jours seulement de l’échéance du divorce annoncé et de la possibilité d’un hard Brexit sans accord, et alors que l’UE est quelque peu laissée à elle-même depuis l’élection du président américain Donald Trump, voilà que cette nouvelle enquête tente de faire la lumière sur l’attitude souvent ambivalente des citoyens européens face à ce regroupement politique, géographique, économique et social sans précédent dans l’histoire de l’humanité.
Selon les données du Pew Research Center, 74% des Européens interrogés estiment que l’UE promeut la paix; ils sont ensuite 64% à penser que l’Union fait la promotion des valeurs démocratiques, puis 55% à estimer que le regroupement de nations effectue la promotion de la prospérité.
À l’autre bout du spectre, toutefois, 62% des personnes ayant répondu au sondage croient que l’UE ne comprend pas les besoins de ses citoyens. Quelque 54% des répondants estiment également que l’organisation dont la capitale est sise à Bruxelles est inefficace.
Plusieurs des personnes interrogées dans les 10 pays ciblés par le centre de recherche ont également peur pour l’avenir économique de leurs enfants: ils sont ainsi 58%, en moyenne, à croire que leurs descendants jouiront de perspectives économiques moins alléchantes que les leurs. Seuls 30% des répondants estiment qu’au contraire, la situation économique du continent ira en s’améliorant.
Des 10 pays examinés dans le cadre de cette étude – Pologne, Espagne, Allemagne, Pays-Bas, France, Suède, Italie, Hongrie, Royaume-Uni et Grèce –, c’est en Pologne que l’UE est vue de la façon la plus favorable, avec 72% d’opinions positives. C’est d’ailleurs de là qu’est originaire Donald Tusk, président du Conseil européen, mais c’est aussi là que le gouvernement en place, ancré à droite, est en froid marqué avec Bruxelles en raison de lois récemment adoptées qui menacent l’indépendance des pouvoirs judiciaires.
Sans surprise, c’est en Grèce et au Royaume-Uni que l’ont voit l’UE du plus mauvais oeil.
Lorsque l’on se tourne vers l’avis des Européens à propos du Parlement de l’UE, les avis sont nettement plus négatifs. À une peine un répondant sur deux considère que ce palier décisionnel est positif.
Autre signe des différences à l’échelle de l’Europe, mais aussi à l’échelle des pays eux-mêmes, les jeunes sont davantage pro-Europe que leurs parents ou grands-parents. Ce sont aussi ces personnes plus âgées, plus nombreuses à gonfler les rangs des partis populistes, de droite, voire d’extrême droite, qui voient l’Europe de façon négative.
Le spectre de l’immigration
Plongée dans une vaste crise migratoire en raison des arrivées massives de demandeurs d’asile en provenance du Moyen-Orient depuis l’éclatement de la guerre civile syrienne, mais aussi en provenance d’Afrique, l’UE est également confrontée à une opinion publique fortement divisée sur la question de l’immigration.
Ainsi, à peine 53% des répondants croient que les nouveaux arrivants aident les pays d’accueil en comblant les besoins en main-d’oeuvre et en mettant leurs talents à profit. Et moins d’une personne sur deux estime que les immigrants ne sont pas plus à blâmer que les autres pour les taux de criminalité. Pire encore, un peu plus de la moitié des personnes interrogées juge que ces nouveaux arrivants « veulent être distincts de notre société », et 57% croient même qu’accueillir des immigrants fait grimper le risque d’actes terroristes.
Dans d’autres pays ciblés pour cette étude, c’est plutôt l’émigration qui inquiète. En Grèce, en Espagne, en Italie et en Hongrie, au moins huit répondants sur 10 affirment que l’émigration économique est un problème de grande importance ou d’importance modérée, alors que 68% des Polonais partagent ce point de vue.
Pour réaliser son étude, le Pew Research Center a interrogé plus de 10 000 personnes, entre le 24 mai et le 12 juillet de l’an dernier.
Brexit: nouvelle vague de démissions au sein du gouvernement britannique