À partir d’un ancien hôpital psychiatrique construit à Saint-Nazaire, en bordure de l’Atlantique, dans le nord-0uest de la France, l’auteur Patrick Deville s’embarque dans une grande aventure littéraire en déclinant l’histoire des grandes, mais aussi des petites gens de l’Hexagone sur près de deux siècles. Il en résulte Taba-Taba, un roman paru chez Seuil.
Du plus anodin des instructeurs au plus grand des décideurs, Deville remonte le fil de l’histoire française et mondiale en parlant des accomplissements, mais aussi des erreurs et des errements de ce pays au lourd et complexe passé. À travers des fresques tout ce qu’il y a de plus vivant, l’auteur fait vivre ses nombreux personnages, leur fait traverser les grands drames de l’histoire nationale, continentale, voire mondiale.
En lisant Deville, l’image de Georges Perec vient en tête. Le Perec de La vie, mode d’emploi, bien sûr, avec ses multiples fresques, ses références, ses écarts biographiques et ses sagas pour raconter, en fin de compte, l’origine d’un vase, d’un bibelot. Taba-Taba présente ses personnages comme autant de pions minuscules sur le grand échiquier de l’Histoire, celle avec un grand H, celle qui s’écrit trop souvent avec l’épée du conquérant ou avec la plume du décideur qui dessine, sur une carte, des frontières qui ne feront qu’exacerber les choses.
À travers ces grands chambardements, les gens ordinaires tentent simplement de vivre, d’exister. Et si l’auteur s’en donne à coeur joie, avec ses protagonistes qui offrent une perspective unique sur les dates importantes de l’histoire, avec un foisonnement de dates, de lieux, de personnages, Deville évite malgré tout le dérapage, la plongée irréversible qui transformerait son Taba-Taba en un recueil indigeste de noms, de dates et de faits impossibles à vérifier.
Bien sûr, il est permis de douter de la véracité de certaines informations. Après tout, on a beau effectuer un travail de recherche méticuleux, certaines choses s’avèrent habituellement impossibles à retrouver, plus spécialement lorsque les faits mentionnés se sont déroulés il y a plus d’un siècle. Voilà pourquoi on vogue ici fort agréablement dans un genre de docu-fiction particulièrement réussi, dans lequel on se plongera joyeusement.
À lire, donc.
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