Imaginez une sorte de Fallout Shelter qui prendrait place dans un pays de l’Est durant les belles heures de l’Union soviétique, et vous aurez une bonne idée du jeu Beholder: Complete Edition, maintenant disponible sur consoles.
Grâce à sa dimension politique, Beholder: Complete Edition propose une expérience de micro gestion assez différente des autres, et ce n’est pas un hasard si son action prend place en 1984. Dans le jeu, on incarne Carl Stein, un père de famille habitant un État totalitaire, qui reçoit un beau jour une promotion inattendue du gouvernement et se voit nommé concierge d’un bloc-appartements.
En plus de l’entretien de l’édifice, il faut s’assurer que les appartements soient occupés et les loyers payés à temps, mais notre véritable mission consiste à espionner les faits et gestes des locataires, à monter des dossiers sur chacun d’entre eux, à installer des caméras de surveillance un peu partout, et surtout, à alerter les autorités au moindre comportement illégal, ou simplement déplacé.
La tâche n’est pas aussi simple qu’elle paraît à première vue, puisqu’on reçoit à tout bout de champ de nouvelles directives gouvernementales, et rapidement, les lois auxquelles les citoyens doivent se conformer se font de plus en plus absurdes et arbitraires, comme l’interdiction de posséder ou de lire un livre du philosophe Paul Williams, de chanter devant le Ministère, ou de manger des pommes.
Vous pouvez décider de protéger vos locataires contre les excès de l’État, tenter de les faire chanter en échange de marchandises à vendre sur le marché noir, ou obéir aveuglément aux ordres et dénoncer vos voisins, mais sachez que peu importe vos principes moraux, il est très facile de déplaire au régime, et au moindre faux-pas, vous (ainsi que les membres de votre famille) risquez de disparaître à jamais…
Si vous pensiez que les jeux narratifs de Telltale (comme The Walking Dead ou Tales From the Borderlands) offraient des choix déchirants, inutile de dire que le poids de chacune de nos décisions pèse vraiment très lourd dans Beholder: Complete Edition, surtout que le titre compte pas moins de vingt conclusions différentes, dépendant de la façon dont vous agirez à travers la campagne.
Simples silhouettes sans visages, les personnages stylisés de Beholder renforcent encore davantage le propos du jeu sur l’anonymat des foules opprimées. Avec ses graphiques en 2.5D présentés dans une vue horizontale, il est par contre facile de s’accrocher dans les meubles ou les cadres de porte, mais c’est le seul point négatif du titre. La Complete Edition pour consoles inclut également le DLC Blissful Sleep.
Les jeux vidéo osent rarement aborder la politique, mais heureusement, des titres comme Beholder: Complete Edition prouvent que le médium a atteint une certaine maturité, et c’est tant mieux.
7/10
Beholder: Complete Edition
Développeur : Alawar
Éditeur : Curve Digital
Plateformes : Linux, Mac OSX, Windows, PS4 et Xbox One (testé sur Xbox One)
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