Black Butterfly vient user du cinéma pour taquiner le métier d’auteur et brouiller les pistes entre la réalité et la fiction. Dommage que ce Secret Window des pauvres tourne rapidement en rond avant de s’enfoncer dans les invraisemblances et le ridicule.
Il y a près d’une décennie, Brian Goodman s’était payé des jolis noms pour faire un premier film, What Doesn’t Kill You, s’appropriant le milieu des gangsters amateurs. Il se lance finalement dans un second long-métrage en tant que réalisateur, mais cette fois pour prendre en charge un scénario provenant de deux novices qui n’en ont écrit que très peu, adaptant à l’américaine un téléfilm français d’il y a une dizaine d’années.
Le résultat, prévisible et ordinaire, saura satisfaire les adeptes de thrillers psychologiques peu travaillés et peaufinés, tellement le spectateur est tenu timidement par la main dans ces revirements à deux sous qui sont néanmoins guidés avec aisance par ses têtes d’affiche. Si Antonio Banderas est sur le pilote automatique, non sans un certain plaisir (on l’aimait beaucoup mieux à contre-emploi grano dans Ruby Sparks), Jonathan Rhys Meyers se montre encore fort habile dans des rôles de tous genres (surtout ceux inquiétants), prouvant qu’il y a bien une vie après The Tudors.
C’est entre les deux que se jouent un jeu du chat et de la souris alors que l’auteur en détresse et en panne d’inspiration se retrouve en danger lorsque l’homme qui lui a sauvé la vie d’un camionneur violent, qu’il a décidé de recueillir puisqu’il errait sur la route, s’avère être probablement plus dangereux qu’il ne paraissait. Ce, pendant que planent des nouvelles sur toutes sortes de disparitions de jeunes filles.
L’inconnu essaie d’aider l’auteur à écrire son nouveau roman alors que ce dernier lui raconte ses déboires et comment il en est venu à devenir un terrible alcoolique solitaire. Ils se mettent alors à s’inspirer de leurs propres rencontres, jusqu’à ce que les propositions de l’étranger deviennent salement dérangeantes, le piégeant à son propre sort et face à sa propre générosité.
Bien sûr, suspense classique oblige, il y a des révélations ici et là et une fin tordue. Cependant, difficile de croire que plusieurs y trouveront de véritables surprises tellement la chute s’avère prévisible. Et histoire de jouer avec les sceptiques, on nous couronne le tout d’une dernière fin qui brouille encore davantage les pistes, afin de pousser la confusion à son maximum. Malheureusement, outre la jolie trame sonore de Frederico Jusid, on ne sauve pas grand-chose du reste qui, bien qu’écoutable jusqu’à un certain point, se laisse rapidement emporter par son propre sentiment d’intelligence qui est en fait tout sauf cohérent.
4/10
Black Butterfly ou Séquestré en version française est disponible en DVD et Blu-Ray via VVS Films depuis le 27 juin dernier.