À deux pas du désastre se trouve la comédie française Radin!, qui aurait beaucoup gagné à investir davantage d’assurance dans ses jolis élans d’absurdité et de folie. Pour les admirateurs de Dany Boon, la sortie DVD fait tout de même passer une sympathique soirée.
Changement de registre surprenant pour le cinéaste Fred Cavayé qui passe du suspense haletant à la comédie dramatique burlesque. Évoquant le Ego Trip québécois, film maudit par la critique, le film joue sur les changements de mentalité. C’est que François Gautier est le plus radin des radins et est prêt à tout, mais vraiment tout pour sauver des sous.
Si les situations en soi ont tout ce qu’il faut pour faire sourire ou même faire rire, on a aussi fait appel à un as de la comédie, soit Danny Boon, grand habitué, qui se fait plaisir dans un rôle qui lui permet de nager dans plusieurs palettes sans jamais trop en faire, comme il en a parfois la mauvaise habitude. Loin des Ch’tis, il est plutôt ici celui qui se fait dépasser par les événements lorsqu’une adolescente dont il ignorait l’existence, qui s’avère être sa fille, débarque à l’improviste en pensant qu’il est le plus généreux des hommes.
En parallèle se construit également une romance avec une femme qu’il vient de rencontrer, interprétée par la délirante Noémie Schmidt qui brille à chacune de ses apparitions dans un surprenant rôle de passive agressive timide. C’est d’ailleurs dans les élans du genre que le film se veut le plus efficace. C’est peut-être là que la plume de Laurent Turner se niche, lui qui avait collaboré au brillant et complètement éclaté 9 mois ferme. Sauf que divisé entre quatre personnes, le scénario se bouscule l’intérêt et l’importance auprès de gens dont les comédies antérieures s’avèrent de qualité bien inégale.
Si l’on oublie tout ce qui est prévisible, les baisses de régime et le rythme pas toujours assuré dans sa façon de mal doser la durée des scènes, mais aussi des événements, on aurait aimé davantage de moments complètement fous pour pousser le délire plus loin. Après tout, les scènes où François est vraiment radin s’entassent rapidement au tout début et ensuite on fait de plus en plus de place au côté mélodramatique gnangnan qui atteindra son paroxysme dans le dernier acte si ridicule, bousculé et improbable qu’on croira presque qu’il fasse partie intégrante des blagues.
Comme quoi le mariage entre l’improbable et le réaliste trouve difficilement son pied dans cette comédie en profonde quête identitaire, probablement dans son désir de plaire au plus grand nombre et à la meilleure majorité.
Néanmoins, on pouvait s’attendre à bien pire de Radin! et on gardera les quelques rires qui nous auront bien divertis, à défaut de ne pas s’attendre à plus. À noter que quelques scènes se cachent également au générique.
5/10
Radin! est disponible en DVD via TVA Films depuis le 31 janvier dernier.