Gore Verbinski est passé à deux doigts, bon peut-être plus deux mains, de créer une véritable œuvre d’art. Puisque, faut-il avouer, il se met la plupart du temps les pieds dans les plats dans ce qui apparaît comme un sous Shutter Island qui ne parvient jamais vraiment à embrasser ses véritables ambitions.
À l’instar du Crimson Peak de Guillermo Del Toro, disons que les intentions de base de vouloir redonner les lettres de noblesse à un genre et une ambiance d’antan sont parfaitement louables. Avec un rythme lancinant qui va à contre-courant du Hollywood d’aujourd’hui et un soin notable au niveau technique et artistique, le festin visuel et sonore est entier puisque chaque plan pousse l’esthétique à son maximum. Dommage, par contre, que la patience du spectateur soit largement testée durant les 146 minutes du long-métrage (la longueur étant une mauvaise habitude du cinéaste) et que l’acte final tombe carrément dans le risible, le prévisible et le ridicule avant de ne clairement plus savoir où s’arrêter.
On se demande alors comment un scénariste comme Justin Haythe ait pu un jour offrir un scénario aussi riche que celui du mésestimé et toujours plus brillant Revolutionary Road, adapté toutefois d’un roman, tant ses autres propositions sont loin d’en avoir l’assurance et le brio. C’est donc sous le regard visionnaire de Verbinski, après le passable, mais financièrement catastrophique The Lone Ranger, ralliant pas mal la même équipe, que le film qui nous intéresse se donne le mandat d’essayer plein de choses et de mélanger les époques et les styles un peu comme Tim Burton aime bien le faire, évoquant un désir évident de fusionner le gothique à la modernité, que ce soit avec ses récents Dark Shadows dans les plus quelconques jusqu’à Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children dans le plus réussi.
Si les acteurs font du mieux qu’ils peuvent pour tenter de garder notre intérêt captif, il est difficile de rester très concentré tellement le jeu de la répétition et des indices au compte-goutte lasse rapidement. Oui, en gardant en tête les techniques de Hans Zimmer au niveau de la musique et son flair de la mise en scène ambitieuse, tous deux rescapés de son expérience sur Pirates of the Caribbean (la trilogie originale, les films les plus intéressants de la série jusqu’à présent), le film est consciencieux de tous les éléments qui le composent. Sauf que les mélodies hantées de Benjamin Wallfisch et la sublime direction de la photographie de Bojan Bazelli ne font que regretter davantage qu’autant de talent soit au final ruiné par une histoire aussi simpliste et faible en récompense pour le spectateur.
Bien sûr dans cette histoire d’un jeune homme d’affaires qui se retrouve malgré lui patient d’un asile aux méthodes douteuses, il y a une certaine réflexion sur le monde moderne, la folie du travail et le véritable sens du repos et de la paix intérieur, mais ce n’est certainement pas assez développé et approfondi tellement on préfère passer du temps sur des audaces qui manquent de piquant. Oui, l’angoisse est bien menée et l’intrigue ose des directions inattendues, mais jamais pour se permettre d’emprunter des avenues plus audacieuses.
Voilà alors une série d’occasions ratées qui se retrouvent dans un film plastique, artistique parfait pour ainsi dire, mais au profit d’un ensemble somme toute des plus décevant. C’est bien dommage.
5/10
A Cure for Wellness prend l’affiche en salles ce vendredi 17 février.