Ah, les Dandy Warhols ont sorti un nouvel album? Et en 2016, qui plus est? Il y a de cela bien longtemps que la formation américaine ne fait plus tourner les têtes. Du moins, pas la tête de ce journaliste. Les albums se ressemblent et soulèvent peu ou pas les passions. Et ce Distortland, donc? Rien d’excitant, mais peut-être le début d’un repositionnement stylistique intéressant.
Dieu sait qu’ils ont pourtant un catalogue de tous les diables, ces Dandys. Dans le désordre, Welcome to the Monkey House, Thirtheen Tales for Urban Bohemia, le fameux Black Album, même le premier album du groupe, Dandy’s Rule OK?, sans oublier The Dandy Warhols Come Down. Bref, toute la période des débuts allant jusqu’au tournant des années 2000 fut peuplée de titres particulièrement solides, d’une musique transcendante, yé-yé sans être quétaine, shoegaze mais pas trop, bien rock quand cela était nécessaire. Le jury ne s’est pas encore prononcé sur le titre de 2005, Odditorium or Warlords of Mars, mais force est d’admettre que depuis le début du millénaire, ça cafouille au sein du quatuor et que l’imagination musicale en a pris pour son rhume.
Les Dandys sont toujours les Dandys, mais les Dandys ont perdu de leur mordant, de leur superbe, et nous ont donc gratifiés d’efforts peu convaincants. Jamais horribles, certes, mais il est si facile de céder aux sirènes du « c’était mieux avant ».
Quid de cette cuvée 2016 des Dandys? Un son très aérien, particulièrement léger. Des arrangements relativement complexes, des guitares bien présentes, des mélodies qui réussissent à accrocher. On aurait ici les fondations d’un disque potable, voire d’un bon album.
Le problème, c’est que Distortland a davantage des allures de réchauffé ou de musique d’ambiance. Découvrir les Dandy Warhols avec cet album serait intéressant pour un mélomane, ou simplement pour un curieux. Mais pour quelqu’un qui a écouté les succès du passé jusqu’à plus soif, rien, ici, ne s’imprime vraiment durablement entre les deux oreilles. Rien ne ressort du lot. Bref, un album potable, mais un album trop égal, trop peu assumé, pas assez aventureux. On veut la démence du deuxième disque du Black Album, avec aussi sa reprise ballade triste de Hell’s Bells d’AC/DC. On veut les trompettes d’All the Money Or the Simple Life Honey, parue sur Odditorium or Warlords of Mars.
Mais bon, il faut rendre à César ce qui lui appartient: Distortland n’est certainement pas un « mauvais album ». On se prend même à se trémousser sur sa chaise en écoutant Pope Reverend Jim, pièce yé-yé par excellence, qui fait imaginer quelques jeunes femmes en minijupe dansant sur une piste des années 1960.
Pas le meilleur album des Dandys. Pas le pire non plus. Quelque chose comme une écoute agréable, à mi-chemin entre le fantastique et l’ennuyant. Voilà qui résume sans doute l’affaire.