Alexandre Provencher
Histoire de la violence se lit d’un trait. Difficile de déroger de ce drôle de récit à la fois autobiographique et violent – c’est le cas de le dire – du jeune auteur Édouard Louis. Écrit sous la forme d’un interrogatoire et d’une discussion intérieure, le protagoniste revient sur un épisode malheureux qu’il a vécu un soir de Noël et dont il peine à se sortir.
Édouard vit au présent. Pas au passé. C’est d’ailleurs ce passé provincial, dans une famille complexe, qu’il a quittée pour Paris, pour un costume ridicule et pour une vie en littérature, aux antipodes de son milieu d’origine. Un soir, il est apostrophé par Reda, un jeune kabyle. Ils se parlent, se courtisent. Puis, ils se retrouvent dans l’appartement d’Édouard. S’ensuit un épisode violent entre les deux hommes qui est décrit d’une manière détachée et froide par le narrateur, Édouard.
Histoire de la violence, c’est une photographie de la vie d’Édouard. Une scène qu’il a lui-même de la difficulté à saisir. Entre son rôle de victime et de survivant, il partage une soif de compréhension et de vengeance. Il ramasse à la pelle les derniers vestiges de son intimité. C’est dans cette veine que le lecteur, impuissant, ne peut que rapporter cette situation à lui-même et extrapoler sur ce qu’il ferait dans cette situation.
Les digressions de son enfance et de ses amitiés brouillent quelquefois le récit en alourdissant la narration. Aussi, la ponctuation inégale agace le lecteur. Cependant, on peut facilement faire fi de cela puisque la langue est la plupart du temps bellement maîtrisée. L’auteur de Pour en finir avec Eddy Bellegueule possède un sens aigu de la description, du détail. Souvent, c’est d’un réalisme frappant.
Bref, Histoire de la violence laisse entrer le lecteur dans l’intimité du protagoniste. On se sent aussi victime du mal qui est commis. Surtout, c’est l’incompréhension de la situation qui habite de lecteur. Mais, n’est-ce pas là le propre de tout crime haineux? Ne jamais comprendre la cause?
Histoire de la violence, d’Édouard Louis, paru chez Seuil, 240 pages.