Décidément, il faut croire que le groupe rock Black Rebel Motorcycle Club tient mordicus à sa période de trois ans entre chaque parution d’album; le septième disque du trio américain, Specter At The Feast, s’apprête à atterrir dans les bacs des disquaires, après la sortie, en mars 2010, de Beat the Devil’s Tattoo. Trois ans, donc. Mais le résultat est-il satisfaisant? Sans grande révolution musicale, Specter At The Feast plaira grandement aux amateurs du genre.
Enregistré à la suite du décès, en coulisses d’un spectacle de BRMC, du père du chanteur Robert Been, Specter At The Feast se veut entre autres un album expiatoire; une façon, pour le groupe, de se libérer de la peine accumulée par cette perte déchirante. L’album rappelle d’ailleurs les balades les plus reconnaissables et les moments les plus déchirants des précédents disques. Rythmes lents, guitare électrique émotive, chants éthérés… Lose Yourself, par exemple, dernière des 12 pistes de l’album, est un excellent exemple du grand talent de BRMC pour les finales poignantes.
Bien sûr, les gars de Black Rebel n’ont pas non plus oublié leurs racines hard rock: les accords vifs, voire violents arrachés aux guitares et le rythme puissant donné par la batterie ne manquent pas. Notons entre autres la reprise en main très rock de Hate The Taste, qui saisi au vol le rythme de sortie de la balade Lullaby pour transformer le tout en hymne aux ondes de basse qui font vibrer le plancher des salles de concert. BRMC sort peut-être d’un deuil, mais cela ne veut pas dire que les chansons qui brassent ont disparu pour autant.
Rien de révolutionnaire, toutefois, dans ce septième album; du moins, rien d’aussi spectaculaire que la claque musicale qui avait été assennée dans Howl, avec son folk très américain et ses sons gospel.
Ce qui semble plutôt faire le charme de BRMC, c’est cette impression constante de renouveau, de construction d’un univers musical aux arrêtes tout sauf lisses où l’atmosphère est saturée d’ondes sonores dégagées par les guitares et la batterie du groupe. Il s’agit en quelque sorte d’une odyssée à travers un océan aux vagues agitées. Nul doute qu’il faut désormais s’accrocher, tenir bon pour traverser la tempête, ou simplement accepter de se laisser emporter.
Specter At The Feast marque ainsi d’une nouvelle pierre le voyage musical auquel nous convie BRMC. Rien d’aussi expérimental que The Effects of 333, mais certainement à la hauteur des précédents efforts.
Le groupe sera de passage à Montréal le 8 mai prochain, au Théâtre Corona.