Adreea Belecciu
À Montréal, le printemps se fait ressentir tôt cette année, mais le monde de la mode, toujours en avance sur son temps, pense déjà à l’automne-hiver 2011. C’est avec ardeur et envie de concrétiser son statut de capitale canadienne de la mode que la ville nous a offert une 18ème édition de la Semaine de mode de Montréal innovatrice.
Pour cette présentation tout en couleur des designers d’ici, le marché Bonsecours se fit accueillant, même un peu trop parfois. En effet, le nombre de talons hauts et de chaussures de marques frôlant son sol dépassait parfois l’imagination du 1er au 4 mars 2010. Tenant compte de la distance entre chaque personne dans les fameuses lignes d’attentes de la Semaine de la mode, c’était à se demander si le tout était réglementaire. Malgré tout ce cauchemar logistique, certains défilés ont su créer un attrait voire une surprise pour la foule sélectionnée avec soin entre médias, acheteurs, artistes, vips et public général.
Comme toujours, Helmer a su être inspiré et inspirant. Avec des formes alliant volupté, légèreté et versatilité, il a su nous présenter une collection automne-hiver aux couleurs vives, aux matériaux souples et d’une grâce propre à lui-même. Ses créations simples, colorées et sophistiquées ont su offrir une promesse de bonheur même aux plus démunis en offrant les profits des billets publics à la fondation Handicap International. S’ensuit alors une série de défilés qui ont su conquérir même les esprits les plus susceptibles.
Ainsi, le défilé Dimitri Chris a été une grande surprise de cette 18ème édition de la Semaine de mode de Montréal. S’inspirant de l’art de la chasse, l’élégance de la collection pour homme de Dimitri Chris nous a laissé sans voix, alliant un souci de précision et une finesse d’exécution remarquable. Avec ses petits nœuds papillons, ses bérets, ses vestons ajustés et ses couleurs nature, le designer a su immerger la foule dans un monde d’antan, mais réinventé pour le présent par ses coupes structurées et scrutées au moindre détail.
Du monde traditionnel de la chasse, Barilà nous transporta dans le futur avec une collection haute en attitude. Un vêtement structuré, prêt du corps, s’inspirant des coupes garçon, adouci par des matériaux féminins et rehaussé d’une personnalité forte et d’une brillance presque princière. Les adeptes du style grunge verront en ce designer une nouvelle façon de crier haut et fort leurs convictions avec cette collection alliant caractère, glamour et éclat.
En guise de clôture, il est impossible de ne pas mentionner le défilé du presque iconique Denis Gagnon, malgré la mauvaise organisation entourant ses deux défilés (NDLR – ses relationnistes ont failli refuser l’entrée à des médias très connus). Encore une fois, le designer a créé un équilibre parfait entre des matières opposées avec une minutie à faire rêver. Ce sont des œuvres parfaitement exécutées : les pièces métalliques sont ajustées à la taille et aux hanches et accentuées par des détails de cuir, tandis que les pièces plus douces comportent des éléments en filet et soie. Cette collection luxueuse, chaleureuse, riche permet de classer Denis Gagnon comme l’un des designers incontournables de la mode Montréalaise. Pour les fashionistas au budget plus serré, le designer sortira une collection en collaboration avec Bedo dès l’automne 2010 et ayant eu un avant-goût de celle-ci, elle vaudra la peine d’être surveillée.
À la lumière de cette 18ème édition de la Semaine de mode de Montréal, la ville peut enfin se classer comme capitale canadienne de la mode et se distinguer sur le plan international par la qualité remarquable des défilés qui ont fait preuve d’innovation en termes de design. Sensation mode, la compagnie chargée de la gestion de l’événement, aura peut-être enfin le pouvoir de trouver un endroit plus adapté à la présentation de la Semaine de mode de Montréal, et qui pourra accueillir d’une façon plus efficace la foule de plus en plus abondante chaque saison…