
Vérifier les faits est-il de la censure?
Un groupe antivaccins a déposé une poursuite contre des organismes qui vérifient les faits, alléguant que ceux-ci donnent l’impression qu’il est peu crédible.
Un groupe antivaccins a déposé une poursuite contre des organismes qui vérifient les faits, alléguant que ceux-ci donnent l’impression qu’il est peu crédible.
La semaine dernière, on pouvait trouver, grâce à Google, quelque 200 textes de vérification des faits sur le coronavirus, publiés en 15 langues par divers médias à travers le monde. Mais Google n’arrivait pas à faire ressortir ces vérifications très haut dans les résultats de recherches.
On s’inquiète beaucoup des revues « prédatrices », celles qui publient n’importe quelle recherche pourvu que l’auteur paye. Mais il y a un bémol: 60% des articles n’auraient jamais été cités par qui que ce soit.
Lorsqu’il est question de « véritables » fausses nouvelles, soit le genre de désinformation publiée par la Russie lors des élections présidentielles américaines de 2016, « devenir viral » n’est pas qu’une métaphore.
L’impact des initiatives de vérification des faits commence à se préciser. Plutôt que de mesurer cet impact par l’équation irréaliste « ces individus croyaient à cette fausseté et ils n’y croient plus », le changement qu’apporte un texte ou une vidéo de vérification peut se situer sur deux axes: l’audience rejointe et les individus ou les institutions qui doivent se justifier d’avoir diffusé une fausseté.
Pour la minorité de journalistes qui sont impliqués à temps plein dans la lutte aux fausses nouvelles — comme la rubrique du Détecteur de rumeurs — il y en a une majorité pour qui cet univers reste obscur: seulement 15% estiment être adéquatement préparés à en parler, et plus de la moitié considère même que la façon de couvrir la désinformation pourrait être « nuisible » — du moins, la façon dont elle est couverte dans leur média.
Une annonce pour le moins spectaculaire — un traitement pour le cancer dès 2020 — a attiré l’attention des médias il y a deux semaines, avant d’être rapidement déboulonnée.
En 2019, le « fact-checking », jadis réservé à une poignée de journalistes passionnés, va continuer de gagner de l’importance dans l’espace public, alors que de nombreux gouvernements parlent de réglementer la désinformation, et que les Facebook et Twitter de ce monde craignent comme la peste d’être réglementés.
Le chef des services de renseignement intérieurs allemands s’en est pris lundi aux géants de l‘internet comme Facebook, estimant qu‘ils éludaient leur responsabilité de vérifier ce qui apparaît sur leurs sites, au risque de nuire à la démocratie.
Le mouvement de vérification des faits, ou fact-checking, pourrait-il être l’avenir du journalisme scientifique? C’est le thème que l’Agence Science-Presse a choisi pour le panel qu’elle présente samedi à San Francisco, au congrès de la Fédération mondiale des journalistes scientifiques.