Si le gouvernement de Benyamin Nétanyahou a récemment annoncé son intention de lancer une nouvelle offensive militaire contre la bande de Gaza, au Proche-Orient, une région déjà coupée des sources de nourriture et d’eau, l’idée de réoccuper cette gangue de terre jusqu’à récemment contrôlée par le Hamas est loin de réjouir la population israélienne.
Dans une enquête réalisée par le Pew Research Center, on apprend ainsi qu’à peine un répondant sur trois juge qu’Israël devrait ainsi contrôler Gaza, lorsque la guerre sera terminée. Comparativement à l’an dernier, il s’agit d’un recul d’une dizaine de points de pourcentage.
Le coup de sonde, réalisé avant la reprise des hostilités par Israël, le 18 mars, révèle aussi que les juifs sont bien plus nombreux que les Israéliens arabes à souhaiter que l’État hébreu mette la main sur le petit territoire palestinien. En fait, la différence est flagrante: 42% des juifs souhaitent cette conclusion à cette nouvelle phase de la guerre, alors qu’à peine 2% des Arabes sont du même avis.
Malgré tout, la proportion de juifs favorables à cette solution est en recul de huit points de pourcentage, par rapport à 2024, indique encore le Pew Research Center.
Les Israéliens se réclamant de la droite (57%) sont sans surprise plus nombreux que ceux logeant au centre de l’échiquier politique (14%) et que ceux à gauche (2%) à réclamer que le gouvernement Nétanyahou reprenne le contrôle de l’enclave. Encore là, en 2024, 69% des Israéliens de droite étaient du même avis.
L’enquête n’explique pas pourquoi l’idée d’une conquête militaire de Gaza a perdu des plumes au sein de l’opinion publique israélienne.
Ce qui n’a pas changé, cependant, c’est la volonté de changement de la gouvernance de Gaza, conquête ou non: à peine 1% des Israéliens sont favorables à ce que le Hamas, qui contrôle l’enclave depuis plusieurs années, demeure en poste. Chez les Arabes israéliens, ce taux n’atteint que 5%.
Qui devrait gouverner Gaza, alors? L’imposition d’un diktat politique aux Gazaouis par une puissance étrangère semble faire consensus chez les Israéliens, qui ne sont que 16% à croire que cette population maintenue depuis 75 ans dans une prison à ciel ouvert, régulièrement bombardée, affamée et privée de ses libertés fondamentales, quand elle n’est pas massacrée de façon indiscriminée, devrait avoir le droit de choisir ses propres dirigeants.
Chez les arabes israéliens, c’est cependant près d’un répondant sur deux (45%) qui favorise cette porte de sortie.
Enfin, seulement 2% des Israéliens voudraient que le petit territoire passe sous l’égide des Nations unies, alors que si l’on évoque le retour de l’Autorité palestinienne et de son président Mahmoud Abbas, la proportion grimpe à 6%, voire 10% si l’on évoque l’Autorité palestinienne, mais sans son célèbre chef.
Qui doit gouverner Gaza, donc? Question délicate, question difficile… Une question, aussi, à laquelle environ un Israélien sur cinq (21%) ignore la réponse, ou préfère ne pas répondre.